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Le professeur de droit toulousain Jacques Viguier (photo), accusé du meurtre de son épouse disparue en 2000 et dont le corps n'a jamais été retrouvé, a été acquitté jeudi par la cour d'assises de Haute-Garonne, après dix jours de procès.

REUTERS - La cour d'assises de Haute-Garonne a acquitté jeudi le professeur de droit Jacques Viguier, qui était accusé d'avoir tué son épouse Suzanne disparue en février 2000 sans laisser de traces.

Après dix jours de procès et près de quatre heures de délibérations, la cour n'a pas suivi l'accusation qui avait réclamé mercredi 15 à 20 ans de réclusion criminelle, en se fondant sur des indices jugés concordants.

Le parquet général devrait donc faire appel et provoquer un second procès. Interrogé par Reuters, l'avocat général Marc Gaubert a parlé d'un appel "probable" et dit qu'il prendrait sa décision dans la semaine à venir.

Jacques Viguier comparaissait libre après avoir purgé neuf mois de détention provisoire lors de l'enquête.

"Une nouvelle vie commence pour moi et mes enfants. C'est extraordinaire", a-t-il dit à la presse après le verdict, qui a soulevé des cris de joie chez ses proches. Il a enlacé ses trois enfants qui l'avaient soutenu à l'audience.

"Je remercie mes enfants, restés auprès de moi, nos amis, mais aussi les jurés qui ont décidé de m'acquitter. Ils m'ont redonné une chance, la vie", a-t-il ajouté.

La famille Viguier, suivie par les journalistes, a ensuite reçu de nombreux amis chez elle.

Certains des proches de Suzanne Viguier accusant le professeur veulent poursuivre le combat judiciaire.

"Ce procès avait montré qu'il n'existait qu'un seul coupable possible mais les jurés n'ont pas statué (...) Il y aura un second procès", a dit à Reuters l'un de leurs avocats, Me Guy Debuisson.

La défense de l'universitaire avait dans la matinée demandé son acquittement en faisant valoir les zones d'ombre du dossier.

Le doute dominait le dossier

C'est dur de supporter cette vie, depuis neuf ans, quand on est coupable de rien. Je n'ai pas tué Suzy, j'espère que vous l'avez compris", avait dit dans ses derniers mots à la cour Jacques Viguier.

Me Henri Leclerc avait souligné dans la dernière plaidoirie de la défense le doute qui domine ce dossier, où l'existence d'un meurtre n'est pas même avéré. Suzanne Viguier a disparu, laissant derrière elle ses affaires personnelles, alors que son amant venait de la raccompagner au domicile conjugal.

"Pensez à ces trois enfants qui, déjà, n'ont plus de mère. Vous ne disposez pas de certitudes suffisantes pour ajouter encore du malheur à ce malheur", avait plaidé Me Leclerc.

Il avait souligné que le dossier ne comportait ni preuves ni aveux et reposait sur la conviction des policiers.

"Je les connais, les convictions policières ! Elles mènent aux convictions judiciaires. Ce sont elles, souvent, qui sont à la base des erreurs judiciaires", avait-t-il dit.

L'accusation se fondait sur plusieurs indices, notamment les traces de sang de Suzanne Viguier retrouvées au domicile du couple et le fait que l'accusé, qui connaissait l'infidélité de sa femme, s'est débarrassé après sa disparition du matelas où elle dormait.

Le fait que Jacques Viguier ait tardé trois jours à signaler la disparition de sa femme était aussi retenu à charge, de même qu'une attitude jugée équivoque durant les interrogatoires de police.

Les enquêteurs ne sont cependant jamais parvenus à un résultat concret dans leur enquête, même lorsqu'ils ont contraint l'accusé à réaliser un jogging sous leur surveillance pour vérifier un alibi. La défense a fait remarquer que des pistes n'ont pas été explorées.

Malgré l'absence de cadavre et de preuves, une condamnation était en théorie juridiquement possible, et le restera en appel, sur le fondement de "l'intime conviction" des jurés.

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