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Arnaud Montebourg, grand trublion de la famille socialiste

La remarque de trop pour Arnaud Montebourg ? À 51 ans, le ministre de l’Économie, qui risque de perdre sa place au gouvernement, n’en est pas à sa première sortie désobligeante. Portrait d’un électron indomptable.

On le dit arrogant, donneur de leçons, belliqueux... Que ce soit au sein de sa famille politique, dans l’opposition ou même sur la scène européenne, Arnaud Montebourg n'a cessé au cours de sa carrière politique de multiplier les coups d'éclat.

Aux commandes depuis le printemps 2014 du ministère de l'Économie, qu’il se partage avec Michel Sapin, il a été sévèrement rappelé à l'ordre, dimanche 24 août, par l'entourage de Manuel Valls pour ses propos très critiques contre la ligne économique du gouvernement. Une sortie qui devrait, vraisemblablement, lui coûter sa place, le Premier ministre ayant annoncé un remaniement imminent.

Ce n'est pas la première fois que cet avocat de métier, connu pour ses talents de tribun, agace et dérange. Au PS, certains critiquent depuis longtemps ce "prêcheur de morale", ses "outrances dans l'attaque". Et l'opposition n'est pas tendre avec celui qui doit éviter de voir son mandat ministériel se réduire à gérer les fermetures d'usines. "Il s'exprime avec tellement d'arrogance, donnant des leçons à la Terre entière...", a notamment souligné François Fillon.

Bruxelles, Merkel, Ayrault en ont tous pris pour leur grade

Parmi ses reflexions cinglantes, figure celle à l’encontre de la chancelière allemande Angela Merkel, qu’il avait comparé en 2011 à l'autoritaire chancelier prussien Bismarck. Quant à "Bruxelles ? Des connards !", avait-il affirmé au "Monde magazine" en 2013. Il s’était également vanté, dans ces mêmes colonnes, d'en "avoir mis une" à Lakshmi Mittal, patron du géant sidérurgique, ArcelorMittal.

Toujours en 2013, il avait fustigé les méthodes de l'ex-Premier ministre Jean-Marc Ayrault, alors que ce dernier écartait l'idée d'une nationalisation des hauts-fourneaux en Lorraine : "Tu gères la France comme le conseil municipal de Nantes". Manuel Valls avait alors indiqué que, Premier ministre, il n'aurait "sans doute" pas gardé un tel ministre à son poste.

Devenu chef du gouvernement, l’ancien maire d’Évry, semble donc enclin à appliquer cette ligne de conduite, même si Arnaud Montebourg avait assuré en juin dernier "être bien" au sein du gouvernement, après un article du "Nouvel Observateur" lui prêtant l'intention d'une prochaine démission. "Il y a beaucoup de gens qui veulent que je démissionne, et depuis longtemps", avait-il ironisé, attribuant ces rumeurs "à tous ceux" que son interventionnisme - ou ses philippiques - irrite.

Engagé au Parti socialiste depuis plus de 30 ans

Né le 30 octobre 1962 à Clamecy dans la Nièvre, ce grand admirateur de Gambetta, fils d'un boucher et d'une professeure, se fait connaître comme avocat en menant bataille contre Alain Juppé dans l'affaire de son appartement de la Ville de Paris en 1995. Militant actif du PS depuis 1981, élu député de Saône-et-Loire en 1997 - puis président du conseil général en 2008 -, il tente en vain, en 2001, en pleine cohabitation, de faire comparaître Jacques Chirac devant la Haute cour de justice.

Avec Vincent Peillon, il fonde le Nouveau Parti socialiste (NPS). Leur courant obtient près de 17 % des voix au Congrès de Dijon de 2003, avec un mot d'ordre : la VIe République, et plus de pouvoir au Parlement. Il vote "non" à la Constitution européenne en 2005.

Le surnom "Flanby", signé Arnaud Montebourg

Porte-parole pour la présidentielle 2007 de Ségolène Royal, il est suspendu un mois de... prise de parole. Son tort : avoir déclaré que le seul défaut de la candidate socialiste était son compagnon, un certain François Hollande à l’époque. C'est lui aussi qui surnomma le président actuel "Flanby".

En 2011, lors des primaires socialistes pour la présidentielle (dont il fut un des théoriciens), il se hisse à la troisième place en axant sa campagne interne, très à gauche, sur la "démondialisation", soit, selon ses adversaires, un néo-protectionnisme qui ne dit pas son nom. Il tient alors un discours virulent à l'égard du patronat, allant jusqu'à déclarer que Lakshmi Mittal n'était pas le bienvenu en France ou à s'en prendre à Philippe Varin, la patron de PSA. "Dans une période de crise et d'affaissement, on me reprocherait mon inaction, mon silence", se défend l'intéressé, en appelant au patriotisme économique.

Depuis 2012, il a endossé, avec un certain succès, au moins médiatique, la marinière pour soutenir le "made in France" et a enfilé le costume-cravate de ministre pour défendre avec fougue l'industrie nationale. Il a ainsi pris fait et cause pour les industriels dans le débat brûlant sur le gaz de schiste, s'attirant les foudres des écologistes et, à nouveau, de Jean-Marc Ayrault.

Divorcé, père de deux enfants, Arnaud Montebourg a été le compagnon de la journaliste-chroniqueuse  Audrey Pulvar jusqu’à fin 2012.

Avec AFP