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Le Français Pascal Lamy réélu à la tête de l'OMC

Seul candidat à sa propre succession, le Français Pascal Lamy a été réélu à la tête de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour un deuxième mandat de quatre ans, après un vote par acclamation des 153 membres.

AFP - Le Français Pascal Lamy, qui a été réélu jeudi à la tête de l'Organisation mondiale du commerce pour un second mandat de 4 ans, est un marathonien averti, une qualité dont il tire l'énergie pour porter à bout de bras les laborieuses négociations du cycle de Doha.

Depuis leur lancement en 2001, Pascal Lamy est de fait entièrement dévoué à la conclusion de ces négociations sur la libéralisation des échanges qui doivent selon lui dynamiser le commerce mondial en faisant tomber des milliers de barrières douanières.

Celui qui se présente comme la "sage-femme" des négociations fut dans la capitale du Qatar en tant que commissaire européen au commerce, l'un des principaux artisans de ce cycle.

Social-démocrate convaincu, il plaide pour une mondialisation "encadrée par des règles", soutenant l'idée d'"une concurrence plus loyale" entre Nord et Sud.

Depuis son entrée en fonction à la tête de l'OMC en septembre 2005, Pascal Lamy multiplie les déboires sur les négociations face à un consensus quasi-impossible entre les 153 membres du "gendarme mondial" du commerce.

Après l'échec retentissant de la mini-ministérielle en juillet 2008, bloquant au bout de 9 jours sur un désaccord entre l'Inde et les Etats-Unis, le Français ne se décourage pas et lance fin décembre une nouvelle tentative de conclure les deux principaux dossiers du cycle (agriculture et produits industriels).

A nouveau, c'est la déception, Washington étant paralysé pas son changement d'administration. Mais l'amateur de course à pieds qui se reconnaît comme qualité première "la persévérance" ne renonce pas pour autant.

Et il parcourt depuis les capitales mondiales, convaincu de l'urgence encore plus pressante de conclure Doha, en raison de la crise et de ses tentations protectionnistes.

"C'est de l'abnégation", estime un diplomate occidental qui "reconnaît à ce meneur d'homme extraordinaire" les qualités de ses défauts. "Il a paraît-il parfois du mal à déléguer mais personne à l'OMC ne lui envie sa place", poursuit-il.

"Il y a un consensus pour qu'il soit réélu... tout le monde pense que c'est le seul à même de faire bouger l'institution", ajoute-t-il.

Né le 8 avril 1947 à Levallois-Perret, près de Paris, ancien élève de trois des plus prestigieuses grandes écoles françaises --HEC (Hautes études commerciales), l'IEP (Institut d'Etudes politiques) de Paris et l'ENA (Ecole nationale d'administration)--, Pascal Lamy a commencé sa carrière à l'Inspection générale des Finances avant d'intégrer la prestigieuse direction du Trésor.

Militant socialiste de longue date --il siègera de 1985 à 1994 au comité directeur du PS--, Pascal Lamy est est conseiller du ministre de l'Economie Jacques Delors de 1981 à 1983, avant de devenir directeur adjoint du cabinet du Premier ministre, Pierre Mauroy (1983-1984).

Pendant 10 ans, de 1984 à 1994, il retrouvera Jacques Delors, dont il est le directeur de cabinet à la présidence de la Commission européenne. En novembre 1994, il avait rejoint au Crédit Lyonnais l'équipe chargée du redressement de la banque, dont il fut brièvement directeur général en 1999.