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Un gouvernement, une dissolution ou une démission : ce que veulent les partis pour l’après-Bayrou
Entre ceux qui font acte de candidature pour Matignon, ceux qui demandent de nouvelles élections législatives et ceux qui pressent Emmanuel Macron de démissionner, difficile de s’y retrouver dans le positionnement des partis politiques au lendemain de la chute de François Bayrou. France 24 fait le point.
Photo prise à l'intérieur de l'Hôtel de Matignon, le 24 juin 2025, à Paris. © Alain Jocard, AFP

Entre le changement d’approche du Rassemblement national, le jusqu’au-boutisme de La France insoumise, les rêves de gouverner du Parti socialiste, le souhait d’accord d’intérêt général de Renaissance ou les divisions chez Les Républicains, chaque parti avance ses pions pour trouver une issue à la crise politique.

Quand les uns poussent pour un gouvernement de gauche prêt à trouver des compromis avec la macronie, d'autres demandent un Premier ministre issu du bloc central en passant un accord de non-censure avec la gauche, tandis que certains appellent à une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale et même à la démission d’Emmanuel Macron.

François Bayrou ayant remis la démission de son gouvernement en début d’après-midi, mardi 9 septembre, la décision du président de la République est désormais attendue. Tour d’horizon du positionnement des principaux partis politiques.

  • Rassemblement national (123 députés)

S’il avait laissé leur chance à Michel Barnier puis à François Bayrou, le parti d’extrême droite, qui est désormais déterminé à obtenir une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale, promet de censurer tout futur gouvernement formé par le bloc central.

"Si [Emmanuel] Macron fait le choix de nommer un nouveau Premier ministre, alors ce Premier ministre n'a aucune autre possibilité que de rompre avec la politique qui est menée depuis huit ans", a tancé le patron du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, mardi matin sur RTL. "Auquel cas les mêmes causes entraîneront les mêmes conséquences et entraîneront par définition une censure du gouvernement", a-t-il ajouté.

Le RN, persuadé d’obtenir cette fois-ci une majorité absolue en cas d'élections législatives, plaide pour "revenir devant les Français" sans quoi, "je ne vois pas comment quelque chose de sain pourrait émerger", a encore estimé Jordan Bardella.

  • Renaissance (91 députés)

L’ancien Premier ministre et patron du parti Renaissance, Gabriel Attal, plaide dans Le Parisien pour "un accord d’intérêt général" entre les "forces républicaines" pour "que les 18 mois devant nous ne soient pas ceux du blocage à répétition et de l'impuissance publique".

"Je propose donc que le président de la République désigne un négociateur, en actant dès le départ qu'il ne sera pas Premier ministre. Il serait chargé de réunir dès demain [mardi] et pendant trois à quatre semaines, l'ensemble des chefs de partis représentés à l'Assemblée 24 heures sur 24, sept jours sur sept, pour s'entendre sur un accord. Ce compromis budgétaire permettrait ensuite la nomination d'un Premier ministre qui serait le garant de cet accord", poursuit le député des Hauts-de-Seine.

Si Gabriel Attal évoque tous les partis présents à l’Assemblée nationale, un tel accord ne pourrait être conclu dans son esprit qu’entre le bloc central qu’il représente – avec le MoDem et Horizons –, le parti Les Républicains et le Parti socialiste. Une façon pour Renaissance de poursuivre peu ou prou la même politique et d’éviter une dissolution qui serait forcément périlleuse pour la macronie.

  • La France insoumise (71 députés)

Jean-Luc Mélenchon n’a qu’une seule chose en tête : contraindre par la pression politique et populaire Emmanuel Macron à démissionner pour provoquer une élection présidentielle anticipée.

"Bayrou est tombé. Victoire et soulagement populaire. Macron est désormais en première ligne face au peuple. Lui aussi doit partir", a écrit sur X le triple candidat à la présidentielle, alors que les insoumis doivent déposer mardi à l'Assemblée nationale une motion de destitution du président.

"Nous sommes dans un moment dégagiste (...) et nous avons besoin, à la suite d'un mouvement dégagiste, d'un moment refondateur. Seule l'élection présidentielle dans ce pays, compte tenu de ce que sont les institutions, nous permet d'avoir ce moment refondateur", a-t-il élaboré lors d'une interview lundi soir sur France 2.

Par conséquent, contrairement à ce qui était sa position en 2024 au sein du Nouveau Front populaire, La France insoumise ne demande plus la nomination d’un Premier ministre de gauche. Jean-Luc Mélenchon prévient même qu’il ne soutiendrait pas un gouvernement dirigé par un socialiste qui passerait un accord de non-censure avec la macronie.

  • Parti socialiste (66 députés)

Le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, souhaite devenir Premier ministre. Il appelle depuis plusieurs jours Emmanuel Macron à nommer une personnalité de gauche à Matignon.

"Je pense qu'il est temps pour la gauche de gouverner à nouveau ce pays et de faire en sorte que nous puissions rompre avec la politique qui a été menée pendant huit ans", a-t-il affirmé lundi soir sur TF1.

Le PS, qui s’estime en position de force, a tout intérêt à éviter une nouvelle dissolution en raison de ses désaccords avec La France insoumise. Il s'est engagé, s'il était amené à gouverner, à ne pas utiliser le 49.3, et à faire des compromis avec la macronie pour trouver une majorité à l'Assemblée.

En revanche, Olivier Faure ne souhaite pas que le futur Premier ministre soit à nouveau issu du bloc central. Il a toutefois refusé mardi matin de dire si le PS censurerait le chef du gouvernement s’il appartenait au camp présidentiel.

  • Les Républicains (49 députés)

Le ministre de l’Intérieur et patron du parti Les Républicains (LR), Bruno Retailleau, plaide pour la formation rapide d’un nouveau gouvernement, notamment en raison des "risques de débordements" dans les manifestations de septembre.

Une fois désigné, le nouveau Premier ministre devra, avant de former un gouvernement, "se retourner vers l'ensemble des formations politiques pour dessiner un chemin d'intérêt général pour la France et nos compatriotes", a-t-il jugé mardi matin devant la presse à l'issue d'une réunion des dirigeants de LR.

Alors que le patron des députés LR, Laurent Wauquiez, a dit qu’il ne censurerait pas automatiquement un Premier ministre socialiste, Bruno Retailleau a répété qu'il jugeait cette hypothèse "inconcevable" car, selon lui, "le projet socialiste ne correspond pas à ce que veulent la majorité des Français qui sont plutôt à droite".

Quant à la participation des LR au gouvernement, "elle n'a rien d'automatique" et dépendra du "contenu de la politique", a-t-il assuré, répétant les priorités de la droite sur la sécurité, l'immigration et la fiscalité.

  • Les Écologistes (38 députés)

Comme Olivier Faure, la patronne du parti Les Écologistes, Marine Tondelier, plaide pour la nomination d’un Premier ministre de gauche et demande à Emmanuel Macron de recevoir à l’Élysée les partis de gauche avant de prendre une décision.

"Je lui demande de nous recevoir avant toute allocution, avant toute décision", a-t-elle annoncé lundi soir sur BFMTV, précisant qu'elle acceptait d'être reçue "seule ou avec [ses] collègues du Nouveau Front populaire", avec ou sans Jean-Luc Mélenchon, "comme il le souhaite". "Tout nous ira pourvu que nous ayons l'occasion de discuter avec le président", a-t-elle ajouté.

Si la position des écologistes est proche de celle des socialistes, elle diffère néanmoins en restant davantage fidèle à l’union de la gauche portée par le Nouveau Front populaire en 2024. La patronne des députés écologistes, Cyrielle Chatelain, affirmait ainsi, lundi soir à l’Assemblée nationale, que "toute la gauche" devait gouverner, "du PS aux insoumis".