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Retour au calme à Ferguson, la police se joint aux manifestants

Théâtre d'émeutes après qu'un policier a abattu un jeune Noir non armé, la ville de Ferguson a renoué avec le calme, jeudi 14 août. Le chef de la police du Missouri a pris la relève de la police locale aux méthodes controversées.

Le calme est revenu, jeudi 14 août, à Ferguson, où des centaines de personnes ont défilé pacifiquement dans la soirée. Désigné par le gouverneur du Missouri pour remettre de l’ordre dans cette localité de la banlieue de Saint-Louis, le chef de la police de la route a pris la relève de la police locale aux méthodes controversées, puis s’est mêlé aux manifestants.

La petite ville du Missouri était depuis plusieurs jours le théâtre d'émeutes et de manifestations après qu'un policier a abattu, samedi, un jeune Noir, Michael Brown.

Le nouveau responsable des forces de l'ordre, le capitaine Ron Johnson, un Noir originaire de Ferguson, a rejoint les premiers rangs de la manifestation et donné l'ordre aux policiers de ne pas porter de masques à gaz. "Nous sommes tous là, ensemble [...] Nous ne sommes pas là pour avoir peur, pour intimider", a déclaré Ron Johnson au "Washington Post". Sur CNN, l’officier a ensuite expliqué sa présence dans le défilé en soulignant qu'il "était avant tout un être humain [...] Et un jeune homme a perdu la vie. Donc je partage le chagrin de cette famille."

"Nous serrer les coudes"

Dans l'après-midi, le gouverneur du Missouri, Jay Nixon, s’était, pour la première fois depuis le début des manifestations, rendu à Ferguson, ville de 21 000 habitants majoritairement afro-américaine mais dont la police est surtout blanche. "Maintenant, ça ressemble à une zone de guerre et ce n'est pas acceptable. Nous allons devoir nous serrer les coudes pour rebâtir la confiance et aider cette communauté à retrouver son équilibre", avait-il déclaré en mandatant Ron Johnson, le chef de la police de la route du Missouri, police qui, aux États-Unis, dépend de chaque État fédéré.

Il est venu prendre la relève d'une police locale dont les interventions avaient été très critiquées, déployant des moyens que l'on associe plus à une zone de guerre qu'à une opération de maintien de l'ordre dans une bourgade américaine. Les policiers du comté étaient pour partie vêtus de treillis militaires camouflés, casques lourds sur la tête, engoncés dans de lourds gilets pare balles et armés de fusil d'assaut.

L'image d'un tireur d'élite en treillis militaire qui vise la foule avec son fusil à lunette, juché sur un véhicule blindé, a fait le tour des réseaux sociaux, très mobilisés en faveur des manifestants, pour dénoncer cette démonstration de force.

En milieu de journée, le président Barack Obama avait lancé un appel au calme et demandé à la police locale de faire preuve de retenue, la mettant en garde contre "un usage excessif de la force lors de manifestations pacifiques".

Manifestations à New York

Le FBI, police fédérale, a lancé une enquête pour tenter d'éclaircir les circonstances du décès du jeune Noir, sur lesquelles les récits diffèrent. Selon un témoin, Michael Brown, qui allait rendre visite à sa grand-mère et n'était pas armé, marchait dans la rue quand un agent de police s'en est pris à lui et l'a abattu alors qu'il avait les mains en l'air. Selon la police, Michael Brown a été tué après avoir agressé un policier et tenté de lui dérober son arme.

Depuis, la communauté noire s'est mobilisée et les manifestations se sont succédé dans cette ville où 14 000 habitants sont d'origine afro-américaine.

À New York, plusieurs centaines de personnes ont également défilé jeudi contre la brutalité policière. Les manifestants, pour la plupart jeunes et noirs, protestaient contre la mort de Michael Brown mais aussi contre celle, à New York le mois dernier, d'un père de famille noir violemment plaqué à terre par des policiers, et décédé d'une crise cardiaque.

Plusieurs des manifestants new-yorkais, dont certains étaient déjà venus manifester après la mort de Trayvon Martin, jeune Noir tué en 2012 par un voisin en Floride, ont réclamé la démission du chef de la police de New York, William Bratton, et la condamnation des policiers impliqués.

Avec AFP