
Thomas Dandois et Valentine Bourrat, arrêtés mercredi 6 août en Papouasie occidentale, alors qu'ils tournaient un reportage pour Arte, sont accusés de "propagande anti-indonésienne", par les autorités de Jakarta.
Thomas Dandois et Valentine Bourrat, les deux journalistes français arrêtés mercredi 6 août à Wamena, en Papouasie occidentale, sont soupçonnés de "propagande anti-indonésienne", a annoncé mercredi 13 août la police locale. Ils tournaient un reportage pour la chaîne de télévision franco-allemande Arte sur l'OPM, le Mouvement de la Papouasie libre qui tente depuis plusieurs années de mettre fin à la tutelle indonésienne.
Les autorités de Jakarta avaient initialement reproché aux deux journalistes d'être entrés dans le pays avec un visa touristique et donc de travailler illégalement. Le fixeur et la traductrice qui les accompagnaient ont aussi été arrêtés.
"Outre la violation de la loi sur l'immigration, il y a une indication claire selon laquelle ils ont participé à de la propagande anti-indonésienne", a déclaré à l'AFP un porte-parole de la police de Papouasie, Sulistyo Pudjo.
Réputés pour leur intégrité
Contactée par l'AFP, l'ambassade de France à Jakarta a indiqué être en relation avec les autorités indonésiennes "pour trouver une solution rapide à cette situation". Deux représentants de l'ambassade devaient se rendre en Papouasie jeudi et vendredi "dans le cadre d'une visite consulaire" aux deux journalistes.
“Il n’est nullement contestable que Thomas Dandois et Valentine Bourrat effectuaient un reportage en Papouasie. Ces reporters réputés pour leur intégrité et leur honnêteté ne sauraient être retenus plus longtemps sans qu’une atteinte à la liberté de la presse soit constituée. Reporters sans frontières appelle les autorités à procéder au plus vite à leur libération”, avait déclaré Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières, la semaine dernière.
Dans un premier temps privés de leur passeport, ils avaient été transférés le 8 août à Jayapura, la capitale régionale, où ils sont toujours détenus.
Les séparatistes rencontrés par les journalistes viennent des montagnes du centre de la Papouasie, dans le district de Lanny Jaya, où cinq rebelles ont été abattus au début du mois dans un échange de coups de feu avec des militaires. Deux policiers avaient été tués quelques jours plus tôt dans une embuscade attribuée à l’OPM qui accuse Jakarta d'exploiter les Papous, un peuple pauvre vivant dans cette région riche en ressources naturelles. Les séparatistes accusent aussi l'armée indonésienne d'entorses graves aux droits de l'Homme contre les civils papous, et de corruption massive liée à la présence d'importantes opérations minières et de coupes de bois illégales.
Le gouvernement de Jakarta ne délivre que très rarement des visas de travail aux journalistes souhaitant se rendre dans la région. En règle générale, les journalistes arrêtés sont ensuite expulsés.
Avec AFP