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La Cour constitutionnelle ougandaise a annulé ce vendredi une loi farouchement anti-gay, qui avait été promulguée au mois de février par le président Museveni. Motif : lors du vote à l'Assemblée, le quorum n'avait pas été atteint.

C’était l’une des lois les plus sévères en la matière. La Cour constitutionnelle ougandaise a annulé vendredi 1er août une loi violemment anti-homosexuelle, qui avait été promulguée en février. La juridiction a estimé que le quorum exigé par la Constitution lors du vote au Parlement en décembre n'avait pas été atteint. La loi est donc "nulle et non avenue", a déclaré le président de la Cour donnant lecture du jugement.

Malgré les avertissements de la communauté internationale, le président ougandais Yoweri Museveni avait signé en février ce texte législatif qui prévoyait la prison à vie pour les récidivistes, interdisait toute forme de promotion de l’homosexualité, condamnait l’aide apportée aux homosexuel(le)s, bisexuels ou transgenres, et incitait à la dénonciation de quiconque s’affichait comme homosexuel.

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L'annulation de la loi a été rapidement saluée sur Twitter par les défenseurs de la cause homosexuelle, même si la précédente législation - l'article 145 du Code pénal, datant de 1950 et remontant au régime colonial britannique, qui punit de la prison à vie les "relations charnelles contre nature" - reste en vigueur.

"Nous avons fait l'Histoire pour les générations à venir"

"Je ne suis plus une criminelle aujourd'hui. Nous avons fait l'Histoire pour les générations à venir", a exulté Jacqueline Kasha, figure de la cause homosexuelle en Ouganda. "La loi antihomosexualité rétrograde en Ouganda a été annulée par la Cour constitutionnelle, elle est désormais morte et bien morte", s'est réjoui le journaliste ougandais Andrew Mwenda, qui était un des requérants.

À l’époque, le président Yoweri Museveni avait fait la sourde oreille face aux pressions internationales et avait choisi de se plier aux injonctions de son peuple, en majorité favorable à la loi - au risque de perdre l'aide des États-Unis qui s'élevait l'année dernière à 265 millions de dollars. "Imposer des valeurs sociales d'un groupe à notre société, c'est de l'impérialisme social. Maintenant, vous nous dites que nous devrions vivre comme vous. Pas du tout !", s’était défendu le président ougandais.

"Les États-Unis ont insufflé la sodomie dans notre pays"

De son côté, le Pasteur Martin Sempa, pourfendeur radical de l'homosexualité, s’est montré extrêmement déçu et a dénoncé ces derniers jours un "avortement judiciaire de [cette] loi […] Les États-Unis [ont] insufflé la sodomie dans notre pays", a-t-il déclaré en référence aux récentes sanctions contre l'Ouganda prises en réaction à cette loi par Washington.

Le pasteur s'est dit "déterminé à faire appel devant la Cour suprême". Avant l'arrivée des magistrats, il avait prié au milieu de la salle d'audience remplie et imploré Dieu pour qu'ils n'annulent pas la loi.

Selon des ONG, le durcissement de la législation réprimant l'homosexualité en Ouganda a provoqué une hausse des abus contre les homosexuels : arrestations arbitraires et racket policier, licenciements, expulsions de leurs logements et agressions. La nouvelle loi avait également réduit l'accès des homosexuels aux services de santé et de prévention contre le sida, en raison des craintes d'arrestation, selon ces ONG.

Avec AFP