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La Soudanaise condamnée à mort pour apostasie est arrivée en Italie

Meriam Yahia Ibrahim Ishag, la chrétienne soudanaise condamnée à mort en mai dernier pour avoir renié l'islam, est arrivée en Italie avec sa famille jeudi. Pourtant interdite de quitter le Soudan, on ignore ce qui a pu permettre son départ.

Mariam Yahya Ibrahim Ishag est enfin en sécurité. Cette Soudanaise mariée à un Américain, condamnée à cent coups de fouet pour adultère et à mort pour apostasie , est arrivée jeudi 24 juillet en Italie.

Accompagnée de sa famille et du vice-ministre des Affaires étrangères Lapo Pistelli, elle a été accueillie sur le tarmac par le Premier ministre Matteo Renzi, son épouse et la ministre des Affaires étrangères Federica Mogherini. "Aujourd'hui est un jour de fête", a affirmé Matteo Renzi, tandis que Mme Mogherini remerciait tous ceux qui avaient permis cet heureux dénouement. "À présent, Meriam et sa famille ont besoin de tranquillité", a-t-elle ajouté.

À sa descente de l'avion, le chef de la diplomatie italienne a annoncé aux rares journalistes présents, que le "pape François avait été informé de l'arrivée" de la jeune mère de famille, et qu'une rencontre avec le pontife était fort possible. La famille Ishag doit passer quelques jours à Rome, invitée par le gouvernement, avant de s'envoler pour New York.

Son départ du Soudan fait mystère

Après l’annulation en appel de sa condamnation à la peine capitale fin juin, la jeune femme de 27 ans avait été arrêtée à l’aéroport de Khartoum, avec interdiction de quitter le territoire. Elle avait alors trouvé refuge à l'ambassade des États-Unis. On ignore ce qui a pu permettre son départ du Soudan. Les autorités soudanaises n’ont pas fait de commentaire et l’avocat de la jeune femme, Mohamed Mostafa, a dit ne pas avoir été informé de ce voyage. 

Née d'un père musulman et d'une mère orthodoxe, ce n'est qu'après le départ de son père, à l'âge de 5 ans, qu e Mariam Yahya Ibrahim est élevée dans la confession chrétienne. Fin 2011, juste avant d'épouser un chrétien à la double nationalité américano-soudanaise, elle se convertie au catholicisme. Cela lui a valu d’être condamnée, le 15  mai dernier, à la pendaison par une cour criminelle soudanaise, qui - en vertu de la loi islamique en vigueur au Soudan - peut punir de mort les conversions religieuses. Elle est alors incarcérée enceinte.  Déjà mère d'un garçon de 20 mois, qui a été emprisonné avec elle, elle met au monde une petite fille en prison, fin mai. Contre toute attente, elle est libérée le 23 juin. 
Mobilisation internationale
Son cas avait provoqué un tollé en Occident et parmi les organisations de défense des droits de l'Homme. Des leaders politiques et religieux européens avaient appelé à révoquer le "verdict inhumain" prononcé contre la jeune femme. Et le secrétaire d'État américain, John Kerry, avait lui pressé Khartoum et la justice soudanaise de "respecter le droit fondamental de Mme Ishag à la liberté et à exercer sa religion".
Le président du Conseil italien Matteo Renzi avait évoqué le cas de Mariam Ibrahim lors de son discours d’inauguration de la présidence italienne de l’Union européenne début juillet. "S’il n’y a aucune réaction européenne, alors nous ne mériterons plus de nous appeler l’Europe".
 
Avec AFP et Reuters