
L'aéroport de la capitale libyenne est, depuis une semaine, le théâtre de violents affrontements entre les milices de Misrata et de Zintan. Plus de 50 personnes ont été tuées lors de combats qui risquent de plonger le pays dans la guerre civile.
Depuis une semaine, des milices rivales s’affrontent pour le contrôle de l’aéroport de la capitale libyenne Tripoli. Les combats les plus violents ont eu lieu dimanche, et se poursuivaient lundi 21 juillet. Au moins 52 personnes ont péri dans ces affrontements, qui font craindre une nouvelle guerre civile en Libye.
"L'aéroport a été attaqué ce matin aux obus de mortier, aux roquettes et aux canons de char. C'est l'attaque la plus violente" depuis le début de l'offensive, a déclaré à l'AFP un responsable de la sécurité de l'aéroport, Al-Jilani al-Dahech.
Une alliance de brigades islamistes et de milices de la ville de Misrata (200 km à l'est de Tripoli) a lancé une attaque contre l'aéroport, le 13 juillet, avec pour objectif de chasser des brigades de la ville de Zintan (170 km au sud-ouest de Tripoli), qui le contrôlent depuis 2011.
Les victimes sont principalement des habitants du quartier de Qasr Ben Ghachir, voisin de l'aéroport, tués dans la chute des roquettes sur leurs maisons, d’après un responsable libyen. Les combats se sont étendus à d'autres sites occupés par les brigades de Zintan sur la route de l'aéroport, où des explosions ont été entendues dimanche depuis le centre-ville, selon un journaliste de l'AFP.
En début de soirée dimanche, les combats avaient cessé autour de l'aéroport, selon Al-Jilani al-Dahech, qui affirme que les miliciens de Zintan ont repoussé les attaques contre leurs positions. Des affrontements ont continué cependant entre les deux camps, notamment dans la banlieue ouest de Tripoli, d’après des témoins.
Lutte d’influence entre libéraux et islamistes
Ces affrontements s'inscrivent dans le cadre d'une lutte d'influence politique entre libéraux et islamistes, mais aussi régionale entre les villes rivales de Zintan et de Misrata.
Les Misratis ont affiché leur soutien la semaine dernière à l'opération baptisée "L'aube de la Libye", lancée par une coalition de milices islamistes contre les Zintanis, et ont envoyé des renforts à Tripoli pour appuyer cette opération.
Un accord de cessez-le feu avait pourtant été annoncé jeudi par la mairie de Tripoli. Mais selon une source proche des négociations, l'implication de milices incontrôlables dans les combats a empêché l'application de l'accord.
On redoute un conflit plus large
Les combats de cette semaine ont suscité l'inquiétude de la communauté internationale et poussé l'ONU à évacuer sa mission en Libye. Dimanche, la délégation de l'UE en Libye a fait part de sa préoccupation face à un "conflit prolongé", exhortant toutes les parties à la "retenue" et au dialogue.
Ces combats ont ravivé les craintes d'un conflit plus large alors que le pays attend toujours la proclamation des résultats des législatives du 25 juin. Annoncés pour dimanche, ils doivent être finalement communiqués lundi, selon la Haute commission électorale.
Meurtre d'une ex-députée libérale
Face à la faiblesse des autorités, un général dissident, Khalifa Haftar, a lancé en mai depuis Benghazi, dans l’est du pays, une offensive contre les milices islamistes qu’il qualifie de "terroristes".
Depuis, la ville de Benghazi est le théâtre de combats quotidiens entre les miliciens islamistes et les forces paramilitaires du général Haftar, accusé par les islamistes de mener un coup d'État.
Les assassinats ciblés se poursuivent parallèlement à ces combats entre "libéraux" et islamistes. Jeudi dernier, Fareha al-Barqawi, une députée libérale du parlement sortant, a été assassinée dans la ville de Derna, un bastion salafiste dans l'est du pays. Le meurtre n'a pas été revendiqué, mais il intervient quelques semaines après celui de la militante des droits de l'homme Salwa Boughaighis, l'une des figures de la révolution, à Benghazi.
Avec AFP