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Crash du vol MH17 : les séparatistes réclament une trêve avec Kiev

Les séparatistes ont réclamé dimanche une trêve avec Kiev en échange de la "sécurité" des observateurs internationaux. Plus de deux jours après le crash du Boeing de la Malaysia, ces derniers n’ont toujours pas pu se rendre sur les lieux.

Les séparatistes prorusses ont indiqué dimanche matin qu'ils garantiraient la sécurité des inspecteurs internationaux sur le site du crash si le gouvernement ukrainien accepte une trêve. "Nous invitons Kiev à conclure immédiatement un accord [de cessez-le-feu] avec la DNR [République séparatistes de Donetsk autoproclamée] au moins pour la durée de l'enquête sur le site" de la catastrophe, a souligné Andreï Pourguine, "Premier ministre adjoint" de la DNR.

On ignore la réponse de Kiev. Pour l’heure, la situation est jugée "inacceptable" par les États-Unis. Plus de deux jours après le crash du Boeing 777 de la Malaysia Airlines, les enquêteurs internationaux n’ont toujours pas eu accès au site pour récupérer les dépouilles et les preuves. Les rebelles empêchent l'accès aux responsables ukrainiens et aux inspecteurs.

"Le site n'est pas sécurisé et il y a de nombreux témoignages concernant des corps qui ont été déplacés, des morceaux de l'avion qui ont été emportés, s'accompagnant d'une potentielle falsification des preuves", a déclaré la porte-parole du département d'État américain Jen Psaki. Certains débris "semblent avoir été déplacés", a également indiqué Michael Bociurkiw, porte-parole de la mission d'observation de l'OSCE.

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La situation est donc confuse mais surtout insoutenable pour les familles de victimes qui craignent que les corps ne soient pas traités avec dignité. Le chef de la diplomatie néerlandaise, Frans Timmermans, s'est d’ailleurs dit "choqué" et "indigné" par le traitement des dépouilles, au cours d'une rencontre à Kiev avec le président Petro Porochenko.

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"Ils ramassent tous les indices", déplore un porte-parole du Conseil ukrainien de défense

Autopsie des corps

"Les terroristes ont transporté 38 corps de victimes à la morgue de Donetsk, où des spécialistes, parlant avec un net accent russe, ont déclaré qu'ils procéderaient à leur autopsie. Les terroristes cherchent aussi des moyens de transport à grande capacité pour emporter les restes de l'avion en Russie", a accusé le gouvernement ukrainien.

Un chef séparatiste a confirmé samedi à des journalistes de l'AFP présents sur le site, à Grabove, que des corps avaient été emmenés à la morgue de Donetsk. "27 corps ont été enlevés ce matin", a-t-il dit.

Sous le contrôle rebelle, des secouristes sortaient d'un champ de blé pour mettre des morceaux de corps dans de grands sacs mortuaires noirs.

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À Donetsk, deux combattants armés gardaient l'entrée de la morgue, interdisant de la filmer ou la photographier. Le site du crash se trouve en zone rebelle, près de la ville de Chakhtarsk, et le conflit armé en cours entre séparatistes prorusses et le gouvernement de Kiev rend les opérations particulièrement complexes.

Vendredi et samedi, une trentaine d'inspecteurs de l'OSCE, première équipe internationale arrivée sur les lieux, avaient déjà tenté d’accéder à la totalité du site. En vain. Ils n’ont obtenu qu'un "accès limité" sur un bout de terre où gisent valises, livres, jeux d'enfants, passeports et où règne une odeur presque insoutenable.

"Tragédie atroce"

Le Premier ministre britannique David Cameron a plaidé, dans le "Sunday Times", pour plus de fermeté vis-à-vis de la Russie, appelant l'Occident à "changer son approche à l'égard de Moscou": "la Russie peut profiter de cette opportunité pour sortir de cette crise dangereuse qui s'envenime. J'espère qu'elle le fera. Mais si cela ne se fait pas, alors nous devons réagir fermement".

Évoquant une "tragédie atroce", le président américain Barack Obama a souligné vendredi que l'avion avait été touché par un missile tiré d'une zone contrôlée par les séparatistes "soutenus par la Russie". Pour l'Europe, c'est un "signal d'alarme" dans ses relations avec Moscou, avait-il estimé. La Russie rejette vigoureusement toute responsabilité dans ce drame.

Avec AFP