boulevard Barbès à Paris – 2 000 et 3 000 personnes ont bravé l'interdiction et se sont rassemblées, samedi, dans le nord de Paris, en soutien aux Palestiniens de Gaza. Manifestants et forces de l'ordre se sont affrontés. Selon la police, 38 personnes ont été interpellées.
Gaz lacrymogènes, grenades assourdissantes, scènes de panique… La manifestation pro-palestinienne, interdite par les autorités, a tourné à l'émeute, samedi 19 juillet, à Paris. Rassemblées sur le boulevard Barbès, dans le 18e arrondissement, 2 000 à 3 000 personnes ont été bloquées par les policiers, déployés en grand nombre. Dans l’incapacité d’avancer vers le sud de la capitale, les manifestants ont défilé quelques minutes en direction du nord, en scandant "Israël assassin, Hollande complice" ou "Nous sommes tous des Palestiniens", avant d’être repoussés par les forces de l’ordre.
Des gaz lacrymogènes ont alors été tirés sur les manifestants, qui ont pour certains riposté en lançant pierres et projectiles, alors que d’autres incitaient à ne pas faire usage de la violence. Le rassemblement s’est ensuite dispersé dans les différentes artères du quartier, où plusieurs mouvements de foule ont été observés. Les forces de police ont alors rapidement bloqué la capacité de mouvement des personnes, via un impressionnant dispositif de CRS, mais aussi l’intervention musclée de policiers vêtus en civil.
Les commerçants, eux, ont fermé leur magasin, par précaution, certains cafés bloquant même leurs clients à l’intérieur. Des débordements ont ainsi eu lieu entre les 10e et 18e arrondissements parisiens. Des affrontements entre forces de l’ordre et manifestants voulant en découdre sont également survenus dans le 1er arrondissement.
À 21 heures samedi soir, selon la police, 38 personnes avaient été interpellées pour jets de projectiles, violences contre les forces de l'ordre et outrage. Quatorze policiers ont également été blessés mais le calme semblait peu à peu revenir dans le nord de Paris en début de soirée.
"La France est le seul pays qui a interdit une manifestation pro-palestinienne"
Plus tôt dans l’après-midi, au départ du rassemblement, la tension était palpable aux abords du métro Barbès-Rochechouart. Révoltés par l’interdiction de la manifestation, certains militants ont pris à partie les journalistes présents. "Toute cette interdiction repose sur du faux", a lancé Jeremy Durand, 27 ans. "Le traitement médiatique des incidents de la semaine dernière [lorsqu’une manifestation pro-palestinienne a dégénéré rue de la Roquette, à Paris, NDLR] est disproportionné. Par exemple, aujourd'hui certains brûlent des drapeaux israéliens, je ne le cautionne pas mais malheureusement c’est ce que les médias vont retenir."
"Écoutez : il n’y a aucun slogan anti-juifs", a pour sa part noté Boudgema, venu de Rouen pour battre le pavé. "Des juifs prennent aussi part à cette manifestation. Nous savons faire la distinction entre le sionisme et la judéité." Pour ce militant de 30 ans, la France est une triste exception. "La France le seul pays qui a interdit une manifestation pro-palestinienne. C’est tout à fait injuste et illégitime", a-t-il dénoncé, estimant que l’État français considérait la population arabo-musulmane comme l’"ennemi intérieur".
Plusieurs rassemblements en soutien aux Palestiniens de Gaza se sont déroulés dans le calme dans plusieurs autres grandes villes françaises, notamment Marseille (3 000 manifestants) ou Lyon (4 000 personnes). À Strasbourg ils étaient 1 300, selon la police, et quelque 1 500 à Avignon, selon l'AFP.
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