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À l'issue d'une assemblée générale particulièrement mouvementée, les actionnaires de Fortis Holding, réunis à Gand, en Belgique, ont approuvé le projet de rachat de la BNP Paribas qui propose d'acquérir 75 % de Fortis Banque.

AFP - Le groupe français BNP Paribas a obtenu mardi un premier feu vert pour racheter la plus grande banque de Belgique, Fortis Banque, au terme d'une assemblée générale très mouvementée qui a vu une partie des actionnaires se rebeller avant de claquer la porte.

Après six heures de débats houleux, sous les cris et les huées, deux interruptions de séance et le départ d'actionnaires mécontents juste avant le vote, ceux qui restaient à Gand (nord de la Belgique) ont finalement dit "oui" à près de 73% pour que BNP rachète 75% de Fortis Banque.

Pour le groupe français, c'est peut-être la fin de sept mois de négociations, même si le vote reste à confirmer par une seconde assemblée générale mercredi aux Pays-Bas et que des recours en justice sont à prévoir.

Le Premier ministre belge Hermann Van Rompuy s'est "réjoui pleinement" du résultat.

L'avocat Mischaël Modrikamen, qui personnifie en Belgique la rébellion contre BNP, a fait un dernier esclandre juste avant le vote en appelant ses partisans à quitter la salle pour protester contre une procédure selon lui irrégulière.

Son conseil a été suivi par nombre des 3.300 actionnaires de Fortis Holding, l'ancienne maison mère de Fortis Banque, qui avaient fait le déplacement.

Avec d'autres partisans du "non", qui sont eux restés pour voter, Me Modrikamen avait réclamé à plusieurs reprises durant la réunion que le vote soit reporté, prévenant que sinon ce serait "le chaos des recours, le chaos de l'incertitude".

Scandant "démission!", "vendus!" ou "démocratie!", beaucoup d'actionnaires sont restés debout pendant une grande partie de l'assemblée pour manifester leur mécontentement.

Peu après le début de la réunion, certains se sont même approchés en criant de l'estrade où siégeaient les dirigeants pour leur lancer des documents et divers objets, obligeant le président du conseil d'administration Jozef de Mey à interrompre une première fois la séance.

Les avocats du "non" ont dénoncé des fonds spéculatifs entrés récemment au capital de Fortis Holding, contestant la validité de leurs droits de vote.

Ces "nouveaux amis plus exotiques les uns que les autres" ne sont pas officiellement liés à BNP, selon Me Modrikamen. Mais le troisième actionnaire de Fortis Holding est désormais "un fonds des îles Caïmans" dont le directeur général est "un ancien inspecteur des finances français, conseiller de (l'ancien Premier ministre Dominique) de Villepin", a-t-il affirmé.

"Ces actionnaires qui risquent de faire pencher la balance en direction de BNP sont probablement les mêmes hedge funds qui ont poussé Fortis dans la tourmente" en 2008, a accusé un autre partisan du "non", Pierre Nothomb, du cabinet de conseil aux actionnaires Deminor.

Faute d'avoir obtenu l'annulation des droits de vote devant la justice belge, les avocats voulaient que les actionnaires votent d'abord sur cette question.

"Vous n'aimez pas la réponse, mais elle est très simple: tous les actionnaires peuvent voter", a toutefois tranché le président Jozef de Mey après une seconde interruption de séance.

Depuis son annonce en octobre, la vente de Fortis Banque à BNP est contestée par des actionnaires qui s'estiment floués.

Fortis Holding et Fortis Banque émanent en effet du démantèlement d'un fleuron de la finance belgo-néerlandaise frappé par la crise, le bancassureur Fortis.

Ses actionnaires, dont les titres se sont effondrés en Bourse, avaient rejeté ce démantèlement le 11 février à Bruxelles, forçant l'Etat belge à renégocier avec BNP.

Les opposants à BNP défendaient un cavalier seul de Fortis Banque, jouant sur l'argument national en faisant valoir que la Belgique avait déjà laissé trop de grands groupes se faire racheter par des étrangers. "Fortis est la vente de trop", a encore insisté mardi Pierre Nothomb.