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Allemagne : le chef des services secrets américains expulsé

Le gouvernement allemand a annoncé jeudi l'expulsion du chef des services secrets américains. Cette décision, rare entre alliés, fait suite à "un manque de coopération" des renseignements américains pour éclaircir leurs activités en Allemagne.

Cette nouvelle affaire d'espionnage risque de dégrader un peu plus les relations entre l'Allemagne et les États-Unis. Après le piratage du portable d'Angela Merkel par la NSA en 2013, qui avait mis en émoi tout le pays, l'histoire concerne, cette fois-ci, le chef des services secrets américains pour l'Allemagne, qui a été sommé de quitter le pays, jeudi 10 juillet, par le gouvernement allemand. 

"Il a été demandé au représentant des services secrets américains à l'ambassade des États-Unis d'Amérique de quitter l'Allemagne", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Steffen Seibert dans un communiqué. Une mesure rare entre des proches alliés au sein de l'Otan. Cette expulsion fait suite à "un manque de coopération (constaté) depuis longtemps dans les efforts pour éclaircir" l'activité d'agents de renseignements américains en Allemagne, a expliqué un député allemand, Clemens Binninger, président de la commission de contrôle parlementaire sur les activités de renseignement, qui s'est réunie jeudi à Berlin.

De son côté, l'ambassade des États-Unis en Allemagne a réagi en affirmant qu'il était "essentiel" de poursuivre la "coopération étroite" avec le gouvernement allemand. 

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Après les révélations d'Edward Snowden, le gouvernement allemand avait demandé aux États-Unis de conclure un "accord de non espionnage", mais Washington s'était montré réticent à l'idée de prendre un tel engagement. Depuis, plusieurs autres affaires similaires ont vu le jour. Ces cinq derniers jours, la justice allemande a ouvert deux enquêtes : la première concerne un agent des services de renseignement allemands âgé de 31 ans qui aurait transmis des documents confidentiels à un contact américain ; la seconde vise un membre de l'armée soupçonné d'avoir travaillé comme agent double pour le compte des États-Unis.

"Se faire confiance entre alliés"

"Je crois que dans ces moments qui peuvent être très confus, il est décisif de pouvoir se faire confiance entre alliés", a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel, lors d'un point de presse à la chancellerie, avant l'annonce de l'expulsion. "Plus de confiance peut impliquer plus de sécurité", a-t-elle ajouté.

Dans une interview publiée jeudi matin, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a estimé que les Américains faisaient preuve "d'une bêtise à pleurer" dans cette affaire. "Que les États-Unis recrutent chez nous des gens de troisième classe, c'est tellement idiot. Et face à tant de bêtise, on ne peut que pleurer", a-t-il déclaré sur la chaîne Phoenix. "Et c'est pourquoi cela n'amuse pas franchement la chancelière", a ajouté le ministre, réputé pour son franc-parler.

Avec AFP