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14-Juillet : participation de l’Algérie, provocation ou sens de l’histoire ?

Malgré des remous des deux côtés de la Méditerranée, Alger participera aux cérémonies du 14-Juillet, à Paris, qui marqueront le début des commémorations de la guerre 14-18. Quelque 23 000 soldats algériens ont été tués durant la Grande Guerre.

Ils ne seront qu’une petite poignée mais leur présence sur les Champs-Élysées a provoqué quelques remous. Trois soldats de l’armée algérienne assisteront aux cérémonies du 14-Juillet, à Paris, qui donneront le coup d'envoi des célébrations marquant le centenaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale. "L'Algérie participera, dans le même format et dans les mêmes conditions que 80 autres nations dont des citoyens sont tombés sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale, à la manifestation prévue à Paris à cet effet", a indiqué, dimanche 6 juin, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra. Avant de préciser : "Le peuple algérien assume toute son histoire et honore ses propres contributions à la liberté à travers le monde."

Les trois militaires participeront à une "animation" sur la place de la Concorde mais ne prendront pas part au défilé, a précisé le ministre français de l’Intérieur. Depuis plusieurs semaines pourtant, la présence annoncée de l'Algérie aux traditionnelles célébrations a suscité un début de polémique à Paris comme Alger.

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En France, le collectif "Non au défilé des troupes algériennes le 14 juillet 2014", comptant des responsables du Front national (FN) dans ses rangs, estime que "cette présence militaire honteuse sur le sol français est une provocation indigne et le signe d'un très grand mépris pour tous les morts, disparus ou suppliciés victimes de cette armée."

"Les deux pays doivent travailler ensemble"

Plusieurs organisations harkis ont en revanche salué cette présence à Paris. "C'est une grande fierté que les Algériens défilent le 14 juillet, pour la France et pour les harkis", s’est félicité dans les colonnes de "Midi Libre", le délégué de la liaison nationale des harkis pour la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca), Mohamed Otsmani. "Les deux pays doivent travailler ensemble", a rappelé quant à elle la présidente de l'association Harkis et droits de l'Homme, Fatima Besnaci-Lancou.

De son côté, le ministre Français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait estimé, dès le 20 juin, que la présence de soldats algériens lors des cérémonies n'avait rien de choquant puisqu’il s’agit de commémorer tous les sacrifices qui ont été faits durant la Grande Guerre. Au secrétariat d’État des Anciens combattants, on préfère rappeler que "173 000 combattants qui habitaient l'Algérie sans distinction de confession sont venus combattre, 23 000 ont été tués [...] La France reconnaît le sacrifice de leurs pères et de leurs grands-pères". Et d’ajouter : "Il ne faut pas mélanger les conflits, il ne s'agit pas de la guerre d'Algérie."

Demande de repentance

De l’autre côté de la Méditerranée, certains mouvements se sont en effet vivement opposés à la présence de militaires algériens au défilé à Paris. "Le sujet ne doit même pas être abordé tant que le sujet de la criminalisation du colonialisme n’est pas réglé", a fait valoir le secrétaire général de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM, anciens combattant), Saïd Abadou.

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Comme le rappelle le site du quotidien algérien "El Watan", plusieurs anciens militaires algériens jugent malvenue la participation de leur pays au 14-Juillet. "C’est vrai, certains Algériens ne sont engagés avec la France de plein gré […] mais en espérant obtenir, après leur sacrifice, des droits, une citoyenneté, affirme un officier sous couvert d’anonymat. Si la France reconnaissait que la République après la Grande Guerre n’a pas reconnu à juste titre le sacrifice des Algériens, alors oui, j’accepterais de défiler. Mais les Français ne peuvent pas garder de l’Histoire uniquement ce qui les arrange."

Le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, a pour sa part préféré botter en touche. "La politique extérieure et de la Défense nationale relèvent des prérogatives du président de la République", a-t-il dit à des journalistes.

De fait, les autorités d’Alger semblent davantage préoccupées par la "profanation", en France, du drapeau algérien le 30 juin avant la huitième de finale du Mondial-2014 opposant son équipe nationale à l’Allemagne. La scène, montrant un groupe de personnes mettant le feu au drapeau algérien sur une place centrale de Bourges, dans le centre de la France, a été filmée et largement diffusée sur Internet. Peu après l’annonce de la participation algérienne au 14-Juillet, Ramtane Lamamra a dit espérer que l'enquête ouverte en France pour provocation publique à la haine raciale "aboutisse afin que l'auteur de ce crime subisse la rigueur de la loi".

Avec AFP