À la télévision mercredi, Nicolas Sarkozy a mis en cause la partialité des juges qui l’ont mis en examen. Le Syndicat de la magistrature se défend face à ces attaques, tandis qu'Henri Guaino veut la suppression du syndicalisme dans la magistrature.
Invité mercredi 2 juillet sur TF1 et Europe 1, Nicolas Sarkozy, mis en examen pour corruption active, a employé un ton offensif : "Il y a une instrumentalisation de la justice, les choses sont claires", a-t-il déclaré. L’ex-président a dénoncé un acharnement judiciaire et politique, mettant directement en cause l’impartialité de l'une des magistrates en charge de l’affaire, Claire Thépaut : "Est-il normal (…) qu’on choisisse, pour une affaire où mon nom est cité, un magistrat qui appartient au Syndicat de la magistrature ?" Puis il a ajouté : "Un magistrat dont l'obsession politique est de détruire la personne contre laquelle il doit instruire à charge et à décharge."
Le Syndicat de la magistrature se défend
Dans la soirée, le Syndicat de la magistrature (SM), classé à gauche, a rappelé dans un communiqué que l’appartenance à un syndicat, pour un magistrat, est un droit garanti par la Constitution. Dans une interview à l’AFP, le secrétaire général du SM, Eric Bocciarelli, a déclaré : "La question n’est pas celle de l’appartenance à un syndicat. La question, c’est celle de l’impartialité dans l’exercice juridictionnel et dans la conduite de l’instruction."
Jeudi matin sur Europe 1, Françoise Martres, présidente du SM, a répliqué directement à l’ancien président : "Nicolas Sarkozy nous sert toujours la même histoire : dès qu'il est mis en cause dans une affaire, il s'en prend à l'impartialité de la justice." Et de rappeler qu’il ne fallait pas "confondre impartialité et neutralité" des magistrats : "Le juge sans opinion n’existe pas. Entre la loi à appliquer et le cas particulier, il y a la place à ses opinions."
Depuis le début de la garde à vue de Nicolas Sarkozy, la juge Claire Thépaut, simple adhérente du SM, faisait déjà les frais d'attaques des partisans de l'ancien président. Les journalistes du site lemonde.fr avaient répertorié et démonté les "sept intox des sarkozystes" à son sujet. Jeudi matin, "Le Parisien" et "Libération" ont rapporté des propos élogieux à l'égard de la magistrate, vantant son sérieux.
Henri Guaino veut "supprimer le syndicalisme" chez les magistrats
Christophe Régnard, président de l’Union syndicale des magistrats, réputée plus modérée, a aussi pris la défense de sa consœur : "Nicolas Sarkozy est dans une stratégie de défense, c’est tout à fait son droit. Sauf que quand on se défend, on se défend dans les prétoires et pas sur un plateau télé. S’il conteste la personne de la juge en question, (…) il y a des procédures en suspicion légitime en récusation. Il suffit de saisir la chambre de l’instruction et c’est elle qui tranchera. Mais il faut avoir un peu plus que le simple fait que cette collègue soit adhérente d’un syndicat qui a pris certaines positions."
Le député UMP Henri Guaino, proche de Nicolas Sarkozy, est lui allé encore plus loin que l’ex-chef de l’État. L’ex-conseiller spécial de Nicolas Sarkozy à l’Élysée a plaidé pour la suppression pure et simple du syndicalisme pour les magistrats. "Je pense que le syndicalisme est devenu l'un des plus grands maux de la magistrature", a-t-il expliqué sur BFMTV et RMC, jeudi. Et d'ajouter : "Il faut supprimer le syndicalisme dans la magistrature. On va me dire : ‘C’est un principe constitutionnel.’ Eh bien, il faut faire un référendum et dire que ni dans l’armée [où c’est déjà le cas, NDLR] ni dans la magistrature, on ne peut être syndiqué."
Avec AFP et Reuters