Quelques heures après avoir scellé, à Bruxelles, un accord historique d'association avec l'Union européenne, le président ukrainien Petro Porochenko a décidé de prolonger de 72 heures le cessez-le-feu avec les séparatistes pro-russes.
Le cessez-le-feu avec les séparatistes pro-russes dans l'est de l'Ukraine, qui prenait fin vendredi à 19 heures GMT, a été prolongé de 72 heures. Le président ukrainien Petro Porochenko a pris cette décision quelques heures après avoir scellé, à Bruxelles, un accord historique d'association avec l'Union européenne. Un accord qui a provoqué un tollé à Moscou.
À Bruxelles, le président ukrainien a exigé la libération d'otages, dont des observateurs de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), et la fin des "infiltrations" d'armes et de combattants.
Un chef rebelle de la république séparatiste autoproclamée de Donetsk, Alexandre Borodaï, a d'ores et déjà fait savoir que les rebelles étaient d'accord pour prolonger la trêve "pour la même durée que celle que M. Porochenko a proposée".
M. Borodaï s'exprimait à l'issue de consultations avec des représentants de Kiev. Il a également indiqué qu'après une première libération la veille d'observateurs de l'OSCE retenus depuis le 26 mai, une deuxième équipe retenue dans l'Est depuis le 29 mai devrait être libérée incessamment.
"Un jour historique"
De leur côté, les dirigeants de l'UE réunis à Bruxelles ont donné trois jours à la Russie pour engager des actions concrètes destinées à faire baisser les tensions dans l'est de l'Ukraine, sous peine de nouvelles sanctions.
L'UE pose quatre conditions devant être remplies d'ici à lundi à la mi-journée, dont "l'ouverture de négociations de fond sur l'application du plan de paix du président Porochenko", selon les conclusions du Conseil.
"C'est un jour historique pour mon pays, le plus important depuis l'indépendance", avait auparavant déclaré M. Porochenko à Bruxelles, avant la signature de l'accord essentiellement commercial, qui vise en particulier à lever les barrières douanières entre les États de l'UE et l'Ukraine, pays d'environ 45 millions d'habitants doté d'une forte industrie métallurgique et important exportateur de produits agricoles.
La décision de Kiev de renoncer à signer cet accord en novembre dernier avait été à l'origine du renversement du pouvoir prorusse à Kiev et de l'insurrection dans l'Est, qui a fait plus de 400 morts.
Tollé à Moscou
Mais la signature de l'accord a provoqué un véritable tollé en Russie, où les réactions ont aussitôt pris une tournure menaçante.
"Le coup d'État anticonstitutionnel à Kiev et les tentatives d'imposer au peuple ukrainien un choix artificiel entre l'Europe et la Russie ont poussé la société vers une scission et une confrontation intérieure douloureuse", a déclaré le président Vladimir Poutine à la télévision russe, soulignant au passage qu'il ne reconnaissait toujours pas la légitimité des autorités pro-européennes de Kiev.
Avec l'accord signé à Bruxelles, qui s'ajoute à ceux similaires qu'ont paraphés le même jour la Géorgie et la Moldavie, s'évanouissent les rêves de M. Poutine de voir entrer l'Ukraine dans l'Union économique qu'il a créée avec d'autres pays de l'ex-URSS - le Bélarus et le Kazakhstan - au moment où il cherche à rétablir l'influence de Moscou dans cette zone.
La Russie craint une arrivée de produits fabriqués dans l'UE, via ce pays, au détriment de sa production nationale, et estime que Kiev ne peut pas bénéficier de conditions commerciales privilégiées à la fois avec Bruxelles et Moscou. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Grigori Karassine, a ainsi averti que cela aurait des "conséquences graves" sur les relations commerciales avec l'Ukraine.
Et près de deux semaines après la coupure du gaz russe à l'Ukraine faute d'accord sur le remboursement d'une dette, le géant russe Gazprom a menacé vendredi de réduire ses livraisons aux compagnies européennes qui fournissent du gaz à l'Ukraine "en flux inversés" pour compenser l'interruption des livraisons russes.
Avec AFP