Felipe VI accède, à 46 ans, au trône d’Espagne, succédant à son père Juan Carlos qui a abdiqué jeudi à minuit. Dans un pays miné par le chômage, en proie aux velléités séparatistes de la Catalogne, les défis qui l'attendent sont légion.
Felipe VI, 46 ans, a prêté serment jeudi 19 juin devant le Parlement, lors d'une cérémonie sobre à laquelle n’avait été convié aucun chef d’État étranger. Le nouveau souverain a prononcé son premier discours en tant que roi d’Espagne, plaidant pour une monarchie "intègre et transparente". Puis il a rendu hommage à son père Juan Carlos louant son rôle dans "la réconciliation des Espagnols" après la dictature franquiste.
"Nous voulons une Espagne en laquelle tous les citoyens retrouvent la confiance dans ses institutions [...], où toutes les façons de se sentir espagnol ont leur place", a ajouté Felipe VI lors de son discours.
Le nouveau roi sait qu'il est attendu au tournant – un Espagnol sur deux conteste la monarchie selon de récents sondages - tant les dernières années du règne de son père ont été entachées de scandales, écornant durablement l’image de la famille royale. Les poursuites judiciaires dont est l’objet sa sœur Cristina, inculpée de fraude fiscale, restent notamment dans les esprits.
Juan Carlos et sa fille Cristina sont d’ailleurs les grands absents de cette cérémonie et de la réception qui suivra au Palais royal, en présence de 2 000 invités et des ambassadeurs étrangers. L’absence de Juan Carlos a été décidé par le roi lui-même, explique la Maison royale, afin "de donner un plus grand rôle" à Felipe.
itUn souverain moderne
À partir du printemps 2010, Felipe VI a renforcé sa présence officielle alors que Juan Carlos accumulait les problèmes de santé.
Le jeune prince est resté très secret sur ses relations sentimentales, jusqu'à ses fiançailles en novembre 2003 avec la journaliste Letizia Ortiz, roturière et divorcée. Le choix de Felipe VI de la prendre pour épouse a marqué une page inédite dans l'histoire de la monarchie espagnole. Grand brun aux yeux bleus, élégant, Felipe cultive sur une image de charme et de modernité.
Un rôle à jouer avec les séparatistes Catalans
Populaire malgré les déboires de son père Juan Carlos, Felipe VI, ancien champion olympique, ne dispose d’une très faible de marge de manœuvre politique pour faire avancer les dossiers épineux qui l'attendent. Le plus pressant étant sans doute la poussée séparatiste en Catalogne, à quelques mois du référendum d'autodétermination prévu par les nationalistes en novembre 2014. Les talents de diplomate du souverain, qui parle catalan et entretient des liens privilégiés avec la région, seront mis à l’épreuve à cette occasion.
"Aujourd'hui, les Espagnols attendent tout de lui : qu'il trouve une solution pour la Catalogne, pour le chômage, qu'il donne un nouveau visage aux institutions", explique Cote Villar, journaliste au quotidien "El Mundo". "C'est un grand souffle d'air frais. Mais le risque de déception est très grand", souligne-t-elle.
Dans son discours du 4 juin, quelques jours après l’annonce de l’abdication de son père, Felipe VI promettait déjà de "mettre toutes ses forces" au service d'une Espagne "unie et diverse, qui plonge ses racines dans une histoire millénaire", comprenant ainsi la lourde tâche qui l’attend.
Avec AFP