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Les chrétiens de Mossoul trouvent refuge au Kurdistan irakien

L'avancée des djihadistes de l'EIIL en Irak et la prise de Mossoul a poussé la majorité des chrétiens à quitter leurs foyers. Nombre d'entre eux ont trouvé refuge dans la région autonome du Kurdistan irakien.

La prise de Mossoul, mardi 10 juin, par les djihadistes de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) a provoqué un exode massif de population, notamment des 10 000 chrétiens qui vivaient dans cette métropole du nord de l’Irak. La plupart d’entre eux ont trouvé refuge dans la région voisine du Kurdistan irakien, protégé des djihadistes par son armée, les peshmerga. Sélim El Meddeb et Adam Pletts, envoyés spéciaux de FRANCE 24, sont partis à leur rencontre dans la ville de Bashiqa à seulement 10 km de Mossoul.

Près de 500 chrétiens qui ont fui Mossoul - pour beaucoup des membres de la communauté syriaque catholique - ont trouvé refuge dans cette localité. Terrifiés, ils ont témoigné anonymement au micro de FRANCE 24. "Cette situation instable nous fait très peur", confie Mariam. "Les djihadistes se sont répandus en ville. Bien sûr nous sommes tristes d’avoir laissé notre maison et notre ville derrière nous. Les chrétiens sont de moins en moins nombreux, année après année. De plus en plus de familles quittent le pays", déplore la jeune femme. Selon l'ONG Portes Ouvertes, qui s'intéresse aux persécutions de chrétiens à travers le monde, sur 1,2 million de chrétiens présents en Irak au début des années 90, on estime qu’il n’en reste à présent qu'entre 330 000 et 350 000.

Face au désarroi de la communauté, le patriarche syriaque catholique est venu tout spécialement de Damas pour soutenir ses ouailles dans la région.

"Mourir dans nos maisons"

Parmi les réfugiés, se trouve le père Affas. Lui aussi a fui Mossoul. ll fait partie des rares qui ont trouvé le courage d’y retourner pour récupérer les reliques de sa paroisse, Saint-Thomas. Les églises n’ont pas été attaquées, affirme-t-il. Mais il explique que, pour la grande majorité des chrétiens de Mossoul, il n’était pas question de se retrouver à la merci des djihadistes.

"C’était la panique", raconte-t-il. "Tout le monde fuyait, en emportant ce qu’ils pouvaient. 90 % des chrétiens sont partis et seulement 10 % sont restés, parce qu’ils étaient des vieillards, ou parce qu’ils n’avaient pas de voiture ou de possibilité de partir. Ceux-là savaient que ce serait pire pour eux de quitter Mossoul, alors ils se sont dit : 'Mourir dans nos maisons vaut mieux que mourir sur les routes'", explique le prêtre.

À Bashiqa, le père Affas et les membres de sa communauté se sentent en sécurité. À la différence du reste de l’Irak, le Kurdistan est parvenu à préserver la coexistence entre les nombreuses communautés que compte ce pays-mosaïque. Un refuge tout trouvé pour les minorités opprimées, mais aussi une cible idéale pour les djihadistes. Plusieurs attentats ont déjà frappé la ville. Aussi, les habitants ont décidé d’organiser leur propre sécurité.