Au Nigeria, de jeunes musulmanes bravent l’insécurité et continuent de fréquenter des écoles laïques, malgré les attaques régulières des islamistes de Boko Haram, qui ont déclaré la guerre à toute forme d’éducation non-religieuse.
Au Nigeria, en dépit de la menace exercée par Boko Haram, certaines jeunes musulmanes bénéficient d’une éducation à l’occidentale, comme dans l'école primaire Suleiman Lawal Tanko Memorial. Dans l’enceinte de cet établissement laïc, les jeunes filles âgées de 11 à 14 ans peuvent librement avouer qu’elles rêvent de devenir professeur ou médecin. "Nous parlons d'estime de soi, de compétences professionnelles. Mais aussi du sida, de la manière de s'habiller, de s'exprimer en public sans être timide", explique l’institutrice, Gloria Micademus.
Si en cinq ans, le nombre d’inscriptions a triplé dans l’école, beaucoup de filles restent par ailleurs à l’écart du système scolaire. "Dans mon ancienne école, beaucoup de filles n'allaient en cours qu'une ou deux fois par semaine", raconte Hajara Abubakar, une élève du Suleiman Lawal Tanko Memorial. "Parfois je leur disais : 'C'est important l'école, pourquoi vous séchez?' Je n'avais pas de réponse. Et ça m'énervait !."
En guise de réponse, les parents des enfants qui ne sont pas scolarisés évoquent, eux, la pauvreté, le manque de perspectives ou encore la place des femmes au foyer. À ces motifs s’ajoute désormais la peur de Boko Haram, qui a récemment multiplié les attaques dans les établissements.
Ne pas se décourager
Kilkisu Tafauki, membre du conseil d'administration de l'école Suleiman Lawal Tanko Memorial, constate cette inquiétude grandissante : "Bien sûr que les parents sont inquiets ! Ils nous disent : 'Regardez ce que Boko Haram a fait ! Ils kidnappent et tuent des enfants à l'école !' Qu'est-ce qu'on peut faire ? Simplement leur dire de rester calme et les encourager à continuer d’envoyer leurs enfants à l'école", estime-t-il.
Les islamistes de Boko Haram, dont le nom signifie "l'éducation occidentale est impure", ont déclaré la guerre aux écoles non islamiques, jurant de les brûler et de tuer leurs professeurs. Le 14 avril, ils ont enlevé plus de 200 lycéennes dans le nord-est du pays. Un coup dur pour les militants de l'éducation pour tous, tel que Kato Adams Almadhu. Mais l'homme ne s'avoue pas vaincu.
"L'éducation est inestimable à nos yeux, explique-t-il. Nous pensons que, grâce à elle, les Hommes pourront avoir accès au développement. Peu importe ce que disent ces gens. Leurs menaces ne nous découragent pas !"
Au Nigeria, environ six millions de filles âgées de moins de 13 ans ne sont pas scolarisées dans une école laïque.