
Une vingtaine de manifestants présentés comme les chefs de la fronde qui a fait vaciller le gouvernement turc en juin 2013 comparaissent à partir de jeudi devant une cour d'assise, dans un climat politique plus tendu que jamais.
Vingt-six membres du collectif d’opposition "Taksim Solidarité" doivent répondre aux accusations de participation à une "organisation criminelle", passible de 30 ans de réclusion.
Plusieurs personnalités de la société civile turque sur le banc des accusés ont dénoncé un procès politique visant à dissuader de nouvelles vagues de manifestations.
"Le seul but de ce procès est d'effrayer les gens", affirme Baki Boga, avocat et porte-parole de l'Association turque des droits de l'Homme (IHD). "Ils veulent montrer que n'importe qui, quel que soit son âge, sa profession ou son passé peut être poursuivi simplement pour avoir manifesté", insiste-t-il.
Reprise en main autoritaire
Le mouvement Taksim Solidarité a émergé après l’expulsion par la police d’une poignée de militants écologistes occupant le parc Gezi, en lisière de l'emblématique place d'Istanbul.
Le combat pour sauvegarder cet espace vert s’est rapidement transformé en une vague de contestation politique sans précédent contre la dérive jugée autoritaire et islamiste du premier ministre Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2003.
Au total, plus de 3,5 millions de Turcs ont défilé pendant trois semaines dans une centaine de villes du pays, lors de manifestations sévèrement réprimées par les forces de l'ordre. Elles se sont soldées par au moins huit morts, plus de 8 000 blessés et des milliers d'arrestations. Une mobilisation sans précédent qui n’a pas empêché Erdogan et son parti AKP de remporter haut la main les élections municipales du 30 mars dernier.
Le régime islamo-conservateur a depuis renforcé son emprise sur les médias, la police et la justice, brisant toute vélléité de contestation dans la rue avec des déploiements massifs de policiers. Le 31 mai dernier, plus de 20 000 policiers ont ainsi violemment dispersé les rassemblements de commémoration des émeutes de Gezi, procédant à plus de 300 arrestations rien qu'à Istanbul et Ankara.
Avec AFP