Après plusieurs mois de rencontres officieuses en Oman, des représentants iraniens et américains se réunissent officiellement lundi et mardi à Genève afin de relancer les discussions sur le programme nucléaire de Téhéran.
Le dossier nucléaire réunira aussi la France et l'Iran mercredi,annoncé lundi le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, sans préciser le lieu.
"Les discussions bilatérales entre la France et Téhéran auront lieu mercredi", a déclaré M. Fabius lors d'une conférence de presse, peu avant de quitter Alger après une visite officielle de deux jours.
Avec AFP
Pour la première fois, des représentants américains et iraniens se rencontrent officiellement, lundi 9 et mardi 10 juin, à Genève, afin de relancer les négociations sur le nucléaire iranien, dont l’enjeu majeur est la levée des sanctions internationales qui frappent Téhéran.
Ces discussions sont nécessaires car les progrès accomplis en la matière se sont avérés "insuffisants" au cours de précédentes réunions, a estimé le département d'Etat lundi. Cette fois, les discussions entre les délégations iranienne et américaine ont été "constructives", a déclaré Abbas Araghchi, l'un des principaux négociateurs iraniens, cité par l'agence de presse Isna. "Le dialogue avec les Etats-Unis s'est déroulé dans un climat positif et a été constructif", a-t-il dit à l'issue de quelques cinq heures de discussions avec les Etats-Unis.
L'annonce de ces discussions bilatérales surprises a été faite, samedi 7 juin, par les Iraniens. Washington a confirmé laconiquement la réunion, en ajoutant toutefois qu'il n'y aurait aucune communication sur la teneur des pourparlers. "Nous avons toujours eu des discussions bilatérales avec les États-Unis en marge des discussions avec le groupe 5+1 [États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne] mais dans la mesure où les négociations sont entrées dans une phase sérieuse, nous voulons avoir des négociations séparées", a expliqué avant son départ de Téhéran le négociateur iranien, le vice-ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.
Discussions secrètes en Oman
C'est la première fois que Téhéran mène des discussions bilatérales officielles hors des séances des négociations avec le groupe 5+1. En 2013, des négociations secrètes s'étaient cependant déjà tenues pendant de longs mois en Oman entre Téhéran et Washington, dans l'espoir de relancer les discussions officielles.
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"En rendant publique les négociations, les deux parties espèrent que cela va faire bouger les opinions publiques en Iran et aux États-Unis", indique Blaise Gauquelin, correspondant de FRANCE 24 à Vienne, où se trouve le siège de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
Les discussions seront focalisées sur la levée des sanctions américaines en cas d'accord définitif sur le nucléaire iranien, que les deux parties souhaitent conclure d'ici le 20 juillet. "L'un des principaux sujets de discussions [avec les États-Unis] est comment défaire la toile d'araignée des sanctions pour permettre à l'Iran de rétablir ses relations économiques avec le reste du monde", estime à l’AFP Cyrus Nasseri, qui dirigea les négociations iraniennes entre 2003 et 2005. "Barack Obama veut qu’un accord ait lieu et propose de bonnes solutions. Mais, pour cela, il espère que les Iraniens vont davantage jouer le jeu qu’ils ne l’ont fait ces derniers mois", indique pour sa part Blaise Gauquelin.
Pour Téhéran, il n'est pas question d'élargir la discussion à d'autres sujets, comme par exemple l'aide à la Syrie. "La question des discussions avec les Américains est [uniquement] nucléaire. Il s'agit de prendre des décisions à propos de tous les sujets, en particulier celui des sanctions", a d’ores et déjà prévenu Abbas Araghchi.
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En janvier dernier, un accord préliminaire est entré en vigueur sur une levée très partielle des sanctions, en échange de la limitation de l'enrichissement d'uranium. L'accord, valable six mois le temps d'élaborer un texte définitif, se termine en principe le 20 juillet. Il peut cependant être prolongé. Après les discussions genevoises, une rencontre bilatérale est également prévue par les Iraniens avec la Russie, à Rome, mercredi et jeudi.
"Ce sont les Américains qui ont créé tout ce brouhaha"
"L'Iran aura des négociations avec tous les membres du groupe 5+1 mais les États-Unis sont le principal et le plus important interlocuteur car ce sont les Américains qui ont créé tout ce brouhaha à propos du programme nucléaire pacifique de l'Iran, déclare Cyrus Nasseri. Toute la question est de savoir si les États-Unis sont désormais prêts à faire le pas et accepter une solution raisonnable gagnant-gagnant pour les deux parties. Autrement dit à avaler les couleuvres après dix ans d'accusations sans fondement contre le programme nucléaire iranien."
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Les dirigeants iraniens, y compris le président Hassan Rohani, ont répété ces dernières semaines que Téhéran ne renoncerait pas à ses droits nucléaires, notamment celui de posséder un "programme de production de combustible nucléaire" pour ses futures centrales et réacteurs.
Depuis le 20 janvier, plusieurs séries de discussions ont été menées entre l'Iran et les grandes puissances pour mettre fin à dix ans de crise sur la question nucléaire, mais la dernière séance, en mai à Vienne, s'est achevée sans résultat.
Avec AFP