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Européennes : qui sont les électeurs du Front national ?

Le Front national a remporté 24,85% des voix aux élections européennes. Qui sont ces Français que Marine Le Pen a su mobiliser massivement ? D’après un sondage Ipsos-Steria, la plupart sont jeunes, modestes et sous-diplômés.

Dimanche soir, Marine Le Pen a remercié les Français. "Nous avions raison d’avoir confiance en eux. Le peuple souverain a parlé haut et clair", a clamé la présidente du Front national (FN) après la victoire, haut la main de son parti, qui a remporté 24,85 % des voix lors des élections européennes. Mais qui sont ces Français qui votent à l’extrême droite de l’échiquier politique français ? Comme c’est le cas depuis plusieurs années, ce sont les jeunes, les catégories modestes ou précaires, les ouvriers, les chômeurs, les moins diplômés qui se tournent plus nombreux vers le Front national. S'ils ne votent pas en majorité pour lui, ils sont surreprésentés parmi les électeurs du parti.

D’après un sondage Ipsos-Steria, quasiment un tiers des électeurs de moins de 35 ans (30 %) ont voté pour le FN, alors que seuls 21 % des plus de 60 ans ont choisi le parti de Marine Le Pen. Les moins diplômés – à savoir les personnes ayant un niveau d’études inférieur au baccalauréat ou niveau bac – ont majoritairement voté FN, alors que seuls 11% des bac+3 l’ont choisi.

Parmi les chômeurs non abstentionnistes, 37 % ont voté pour le parti d’extrême droite. Par ailleurs, le FN reste en tête chez les ouvriers, comme c’est le cas depuis les années 90. Le 25 mai, Marine Le Pen a séduit 43 % de ces travailleurs modestes et 38% des employés. Elle a aussi touché 30 % des votants dont le revenu brut est inférieur à 20 000 euros par an.

La question de l’ immigration au cœur du vote  

La quasi-totalité des électeurs frontistes (98 %) ont voté "contre" à ce scrutin : contre le président François Hollande et contre le gouvernement de Manuel Valls. Ils sont aussi une majorité (58 %) à être surtout préoccupés par les questions nationales plutôt que par les enjeux européens. Et, en premier lieu de leurs préoccupations, l’immigration, suivie ensuite par les questions attenant au pouvoir d’achat, au chômage, à la crise économique dans la zone euro et au chômage.

"Les électeurs qui ont envie de s’exprimer utilisent le bulletin FN pour exprimer un ras-le-bol, un refus à l’égard de ce qu’une partie de l’électorat estime que être des contraintes qui pèsent sur l’UMP et le PS", explique sur FRANCE 24 le politologue Gaël Brustier. "Le discours sur l’ UMPS [UMP + PS, NDLR] marche parce que, quand ils sont au pouvoir, ils participent du même consensus européen, du même consensus sur l’austérité", poursuit-il.  

Une majorité des électeurs FN a en effet une vision négative de l’Europe, estimant à 58 % que le fait que la France fasse partie de l’UE est une mauvaise chose et à 92 % que la France devrait renforcer ses pouvoirs de décision, quitte à limiter ceux de l’Europe. Pour eux, la priorité de l’Europe devrait être d’instaurer une police aux frontières et de mettre en place un système permettant d’augmenter les droits de douane.

Le FN mobilise son électorat

Enfin, les électeurs frontistes sont des électeurs… qui votent. "Le FN bénéficie d'une forte mobilisation de son électorat depuis depuis 3 ans, soit depuis les élections  cantonales de 2011 et les partielles de 2012. On voit le FN surmobiliser son électorat alors que PS s’effondre", estime Gaël Brustier. 

Deux jours avant l’élection, Marine Le Pen avait appelé, une fois encore, son électorat à se déplacer le 25 mai : " Les abstentionnistes sont l'armée de réserve de la France libre. C'est eux qui ont incontestablement la possibilité d'envoyer le signal le plus fort", avait déclaré la présidente du Front national sur LCI et Radio Classique.

L’abstention n'a cependant pas épargné le parti de Marine Le Pen : 54 % des sympathisants frontistes ne se sont pas rendus aux urnes dimanche , selon un sondage Opinionway pour "Le Figaro" . Légèrement moins que l’abstention nationale qui a atteint 57,57 % selon le ministère de l'intérieur, un taux en léger recul par rapport aux européennes de 2009, où l’abstention avait atteinte le record de 59,37 %.

Marine Le Pen ne manquera sûrement pas de mobiliser encore et encore son électorat. Après son succès aux municipales de mars dernier et dimanche aux européennes , la présidente du FN entend bien surfer sur la vague et nourrir de grandes ambitions pour son parti aux élections à venir, la présidentielle de 2017 en ligne de mire.