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Former un groupe au Parlement européen, le casse-tête du Front national

Au lendemain de sa victoire historique aux élections européennes, le Front national doit maintenant manœuvrer avec d’éventuels partenaires européens pour obtenir la création d’un groupe parlementaire à Bruxelles. Des tractations compliquées.

Le 25 mai 2014, pour la première fois, le FN est arrivé en tête d’un scrutin national avec près de 25 % des voix aux élections européennes. Une victoire dans les urnes qui offre à la formation politique de Marine Le Pen de vraies perspectives, même s’il lui faudra négocier des alliances très complexes pour former un groupe parlementaire et peser à Bruxelles.

Mais malgré la poussée des eurosceptiques en Europe, les options pour la dirigeante du Front national sont limitées. Au Royaume-Uni, le parti europhobe Ukip a remporté 27 % des suffrages, mais il a d’ores et déjà annoncé qu’il considérait le parti d’extrême-droite français comme "infréquentable".

En Grèce, le parti néo-nazi d’Aube dorée pourrait lui aussi envoyer plusieurs députés au Parlement européen, mais cette fois, c’est le Front national qui a annoncé son refus d’envisager une quelconque collaboration entre les deux formations.

Même problématique avec le parti eurosceptique grec Syriza, arrivé en tête avec près de 28 % des votes. Son orientation à l’extrême-gauche de l’échiquier politique exclut, de fait, l’éventualité d’une alliance avec l’extrême-droite française.

Alliances indispensables mais complexes à négocier

Pourtant, le Front national ne peut se passer d’alliances. Pour constituer un groupe au Parlement européen, deux conditions sont essentielles : il faut que ce groupe soit composé d’au moins 25 députés mais surtout, sept États membres doivent y être représentés.

À lui seul, le Front National compte déjà 24 députés, mais cette règle des sept états pourrait lui barrer la voie. "Une fois qu’on a fait le compte des alliés naturels du FN, à savoir la FPÖ autrichienne, la Ligue du Nord en Italie et le PVV néerlandais de Geert Wilders, on constate qu’il pourrait s’avérer compliqué de constituer un groupe", analyse la journaliste Caroline de Camaret, spécialiste des questions européennes pour FRANCE 24.

Un avis que partageait le trésorier et avocat du Front National Wallerand de Saint-Just à l’antenne de FRANCE 24, au lendemain du scrutin : "Les négociations vont commencer pour tenter de former un groupe, ce qui donnera un poids politique au Front national, qui serait déjà un groupe presque à lui tout seul s’il n’y avait pas cette condition des sept nationalités. […] On le sait d’expérience, ces négociations sont toujours extrêmement difficiles."

Marine Le Pen pourrait éventuellement se tourner vers le Danemark, où le parti populaire anti-immigrés est arrivé lui-aussi en tête avec plus de 26 %. Les options restent cependant limitées pour le parti d’extrême-droite français, qui, en dépit de son incontestable succès national, fera peut-être les frais du morcellement idéologique de l’euroscepticisme.