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En Grande-Bretagne, victoire historique du parti europhobe Ukip

Plus d'un quart des électeurs britanniques ont voté pour le parti nationaliste Ukip qui souhaite que le Royaume-Uni sorte de l'Union européenne. Son leader, Nigel Farage, a répété son rejet de l’immigration dès l’annonce des premiers résultats.

Le parti populiste Ukip, quasiment absent du paysage politique il y a quelques mois, aura plus de députés au Parlement européen que les trois partis classiques britanniques, secoués comme en France par le "séisme" de l'extrême-droite.

Après le dépouillement de 10 des 12 régions électorales britanniques, lundi 26 mai, le parti europhobe de Nigel Farage devance le parti travailliste et récolte 27,5% des voix. Il obtient ainsi 23 sièges au Parlement européen, soit 14 de plus que dans l’assemblée sortante. Les grands perdants sont les conservateurs du Premier ministre David Cameron et leurs alliés libéraux démocrates.

Le Labour, dans l’opposition, arrive ensuite avec 25,4% et 18 eurodéputés. Les conservateurs au pouvoir, vainqueurs des précédentes Européennes, sont relégués en troisième position à 23,9% des suffrages et 18 eurodéputés.

Pour les libéraux-démocrates europhiles, membres du gouvernement de coalition, le scrutin s'apparente à une débâcle. Ils enregistrent un score misérable de 6,9% et ne conservent plus qu'un siège de député, après en avoir perdu 9.

À l’annonce de sa propre réélection dans le sud-est de l'Angleterre, Nigel Farage a réitéré sa déclaration de guerre à l'immigration, sa bête noire, et à l'Union européenne dont il veut claquer la porte.

"Vous n'avez pas fini d'entendre parler de nous", a-t-il déclaré triomphalement, à un an des élections législatives. "L'armée populaire de l'Ukip a parlé ce soir, et a délivré le résultat le plus extraordinaire en 100 ans de vie politique britannique", s'est vanté le patron de la formation populiste. Depuis 1906, aucun autre parti que ceux des conservateurs et des travaillistes n'avait remporté un scrutin national.

Plusieurs médias conservateurs ont par ailleurs affirmé ce week-end que le gouvernement s'apprêtait à introduire prochainement une législation renforcée contre l'immigration.

L'Europe doit "abandonner l'Union européenne"

Si l'Ukip n'a pour l'instant aucun député à Westminster, il espère en décrocher aux législatives de mai 2015, ou même avant, à l'occasion d'une élection partielle convoquée à Newark (centre de l'Angleterre) en juin.

Au Parlement européen, il a jusqu'ici refusé toute alliance formelle avec le Front national, qui est arrivé en tête en France, avec 25,4% selon des résultats quasi-définitifs. "Nous allons avoir un bon nombre d'eurosceptiques élus au Parlement européen", s'est cependant félicité Farage, qui rêve d'une minorité de blocage des anti-UE.

"Je ne veux pas seulement que la Grande-Bretagne quitte l'Union européenne, je veux que l'Europe abandonne l'Union européenne", a-t-il lancé dimanche soir. "Je ne crois pas que ce drapeau, cet hymne, et ce président dont personne ne connaît vraiment le nom représentent ce que l'Europe devrait être".

Le ministre conservateur des Affaires étrangères, William Hague, s'est dit "inquiet" de la montée des partis d'extrême droite en Europe, et a estimé que Bruxelles devait entendre le "mécontentement croissant" des électeurs en opérant des réformes.

Les résultats des deux dernières régions électorales, l'Écosse et l'Irlande du nord, devaient être connus à la mi-journée. Le Royaume-Uni compte 73 députés au parlement européen.

Avec AFP