Quelque 53 millions d'Égyptiens votent, lundi et mardi, pour élire leur nouveau président. L'ex-chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi, qui a destitué l'islamiste Mohamed Morsi il y a 11 mois, est assuré de l'emporter haut la main.
Après les trois années de "chaos" et de crise économique qui ont suivi la révolte populaire de 2011 contre Hosni Moubarak, l'issue de l'élection présidentielle en Égypte semble jouée d'avance. Abdel Fattah al-Sissi, pourfendeur des islamistes, est presque assuré de l'emporter. Pour une majorité d'Égyptiens, l'ancien chef de l'armée est l'homme à poigne qui peut ramener la stabilité dans le pays.
Peu après l’ouverture du scrutin, lundi matin, la télévision d’ É tat a annoncé qu’une bombe avait explosé devant un bureau de vote à Mahalla el-Kubra, ville industrielle du delta du Nil. Une demi-heure plus tard, le ministère de l’Intérieur démentait . Un général de la police a expliqué qu’il s’agissait de l’explosion d’un pot d’échappement, tandis qu’un autre responsable des services de sécurité a affirmé qu'un objet "suspect" avait été découvert près du bureau de vote mais n'avait pas explosé.
Ce vrai-faux attentat est révélateur de l’atmosphère tendue dans laquelle se déroule le scrutin, alors que les attaques contre les forces de l’ordre sont devenus quasiment quotidiennes en É gypte , ces derniers mois.
De longues files d'attente d'hommes et de femmes se sont cependant formées lundi devant les bureaux de vote du Caire. Les murs de la capitale sont littéralement couverts depuis des mois de portraits d’Abdel Fattah el-Sissi, qui jouit d'un quasi-culte de la personnalité.
Plus autoritaire que Moubarak
Le maréchal de 59 ans, aujourd'hui à la retraite, est extrêmement populaire depuis qu'il a lancé une répression implacable et sanglante contre les pro-Morsi, notamment les Frères musulmans. À tel point que Sissi n'a pas eu besoin de battre la campagne.
Il faut dire que son unique rival, le leader de la gauche Hamdine Sabahi, fait pâle figure malgré une campagne très active sur le terrain. Le nassériste n'est guère en mesure d'empocher un nombre significatif de voix, selon les experts et les diplomates. Certains le considèrent comme un faire-valoir, au mieux résigné, au pire consentant, pour une élection jouée d'avance.
Sissi martèle que l'heure n'est plus aux manifestations mais à la stabilité. Et que celle-ci ne reviendra qu'avec l'éradication des "terroristes" , le terme qu’utilisent le gouvernement de transition et les médias pour désigner les Frères musulmans. Le régime , issu du coup de force des militaires contre Mohamed Morsi , est déjà considéré par les défenseurs des droits de l'Homme comme plus autoritaire que celui de Hosni Moubarak : au-delà de la répression contre les islamistes, des dizaines de militants de l’opposition libérale sont désormais en prison.
Avec AFP