
Deux des victimes de la fusillade qui a éclaté samedi au Musée juif de Bruxelles sont des Israéliens. L’attaque, qui a fait trois morts et un blessé grave, a eu lieu la veille des élections législatives et européennes en Belgique.
Deux des victimes de l'attaque contre le Musée juif de Bruxelles, qui a fait quatre morts et un blessé grave samedi 24 mai, sont des Israéliens, a annoncé dimanche le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères.
"Un couple d'Israéliens d'une cinquantaine d'années habitant Tel Aviv, qui faisait du tourisme, font partie des victimes", a déclaré à l'AFP le porte-parole Yigal Palmor, sans être en mesure de préciser leur identité.
Deux femmes et un homme ont été tués par balle samedi après-midi dans une attaque contre le Musée juif de Belgique, dans le centre historique de Bruxelles, suscitant un choc immense dans le pays, comme en Europe et en Israël. Une quatrième personne, grièvement blessé lors de la fusillade, est entre la vie et la mort à l’hôpital.
"Toute porte à croire qu'il s'agit d'un attentat antisémite", a indiqué la ministre belge de l'Intérieur Joëlle Milquet, qui s'est rendue très vite sur les lieux du drame, dans le quartier touristique des Sablons, connu pour ses antiquaires et ses chocolatiers.
Aucun attentat à caractère antisémite n'a été recensé en Belgique depuis les années 1980, bien que les associations juives dénoncent régulièrement la montée des discours antisémites. La communauté juive de Belgique compte environ 40.000 personnes, la moitié habitant la région de Bruxelles et l'autre moitié à Anvers.
Cette fusillade est le résultat de "l'incitation à la haine permanente" contre les juifs et Israël, a estimé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.
"On continue d'entendre des calomnies et des mensonges contre l'État d'Israël sur le sol européen, alors même que les crimes contre l'humanité et les actes meurtriers commis dans notre région sont systématiquement ignorés", a accusé le chef du gouvernement israélien.
La veille des élections européennes
Selon José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, c'est "une attaque contre les valeurs mêmes de l'Europe, ce que nous ne pouvons pas tolérer". "Aucune impunité contre le terrorisme", a exigé la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton.
La fusillade est survenue à la veille des élections législatives et européennes en Belgique.
"Tout est mis en oeuvre" pour "identifier et arrêter le ou les auteurs de ce drame", a assuré le Premier ministre belge Elio Di Rupo. Une personne ayant quitté les lieux en voiture a été interpellée en fin d'après-midi. Le parquet a indiqué en fin de soirée que cette personne, d'abord présentée comme "suspecte", était désormais considérée comme un simple témoin.
La police est à la recherche d'une personne surprise par les caméras de surveillance en train de quitter le musée à pied peu après l’attaque. Un juge d'instruction a par ailleurs été saisi de l'affaire pour "assassinat".
L'attaque s'est produite peu avant 16h (14h GMT) dans une petite rue, à une cinquantaine de mètres de la place du Sablon, où un festival de jazz très animé, le Brussels Jazz Marathon, battait son plein. Selon des témoins, un homme qui portait "un sac noir" a ouvert le feu dans le hall d'entrée du musée.
Touchées "au visage ou au niveau de la gorge", deux femmes et un homme sont morts sur le coup ou peu après l'arrivée des secours, tandis qu'un autre homme grièvement blessé, a été transporté à l'hôpital, ses jours sont "en danger".
Emotion en Belgique
"Notre pays et tous les Belges, quelles que soient leur langue, leur origine ou leurs convictions, sont unis et solidaires face à cette attaque odieuse dans un lieu culturel juif", a déclaré après le drame le chef du gouvernement belge, Elio Di Rupo.
Les mesures de sécurité ont été renforcées aux abords des lieux fréquentés par la communauté juive, a assuré la ministre de l'Intérieur.
"Ce sont quatre victimes innocentes qui sont touchées. Et c'est un lieu profondément symbolique qui est touché. Le gouvernement exprime tout son soutien à la communauté juive de notre pays", a déclaré Elio Di Rupo.
Le président français, François Hollande, a exprimé "sa vive émotion" et "condamné avec la plus grande force" une "tuerie effroyable".
Le président du Congrès juif mondial, Ronald S. Lauder, a dénoncé un "acte haineux et terroriste". "Deux ans après les meurtres sauvages de Toulouse (France), il s'agit à nouveau d'un exemple de ce à quoi la haine et l'antisémitisme mènent", a estimé pour sa part le Congrès juif européen.
"C'est évident qu'on pense à ça", a déclaré le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, en évoquant l'affaire "Merah", du nom du Franco-Algérien qui avait tué quatre Juifs, dont trois enfants, et trois militaires à Toulouse en mars 2012.
Le Conseil Européen des Ouléma Marocains, qui siège à Bruxelles, a lui aussi dit son "indignation" devant un "acte ignoble".
"C'est un choc", a expliqué à l'AFP, au bord des larmes, Paul Opoczynski, un membre de la communauté juive de Bruxelles venu sur place. "Cela nous inspire un grand chagrin. Nous sommes une petite communauté très tranquille. C'est un lâche attentat", a ajouté le vieil homme.
Un habitant du quartier, Alain Sobotik, était aussi "choqué" après avoir vu des corps sans vie. "Il y avait une jeune femme, avec du sang sur la tête. Elle tenait encore un dépliant dans les mains, on aurait dit une touriste", a-t-il raconté.
Le Musée juif est un lieu culturel dont l’objectif est de faire découvrir les multiples visages du monde juif. Une exposition consacrée aux juifs d'Anvers y est présentée en ce moment.
Cet attentat intervient deux semaines après la tenue avortée dans une commune déshéritée de l'agglomération bruxelloise d'un "Congrès européen antisioniste", dont les orateurs invités étaient des antisémites notoires.
Avec AFP