
Deux personnes sont mortes et des dizaines d'autres ont été blessées, à Istanbul, dans la nuit de jeudi à vendredi, à la suite d'affrontements très violents entre manifestants anti-gouvernement et policiers.
Un calme précaire règne à Istanbul vendredi 23 mai au matin, au lendemain d'une nuit marquée par des heurts particulièrement violents, dans le quartier d'Okmeydani. Au moins deux personnes sont mortes et une dizaine d'autres ont été blessées au cours de ces affrontements entre manifestants hostiles au gouvernement et policiers.
La mort d'un manifestant a mis le feu aux poudres
Ugur Kurt, 30 ans, père d'un enfant, se trouvait aux funérailles d'un proche lorsque la police a fait usage de gaz lacrymogène, de balles en caoutchouc et d'armes à balles réelles. Sur la vidéo de surveillance à l'entrée du temple religieux, on voit la victime s'effondrer subitement, puis étendue au sol, la tête ensanglantée. Grièvement blessé, l'homme avait été transporté à l'hôpital où il a subi une opération, avant de décéder.
L’annonce de la mort de ce manifestant a mis le feu aux poudres et relancé les violences à Okmeydani, où quelques groupes et policiers s'affrontaient encore au milieu de la nuit. "Vous êtes des assassins", "L'État meurtrier a pris une autre vie !", ont scandé plus tôt dans la journée quelque 400 manifestants massés à proximité de l'hôpital. Quartier populaire du centre d'Istanbul, Okmeydani abrite des membres de la communauté alévie, une branche du chiisme. Il est souvent le théâtre de manifestations.
La police a fait usage jeudi d'armes à feu dans le quartier d'Okmeydani pour disperser des dizaines de manifestants venus dénoncer les morts de la mine de Soma et le décès en mars d'un adolescent victime de violence policière pendant le mouvement de Gezi. Après avoir tiré en l'air, à balles réelles, les forces de l'ordre ont visé la population, ont rapporté des témoins, confirmant des informations de presse. C'est au cours de ces derniers affrontements qu'une personne grièvement blessée est décédée de suites de ses blessures vendredi matin. Neuf autres ont été blessées, dont huit policiers, a précisé le gouverneur d'Istanbul.
Le gouvernement promet une enquête
Alors que la police est accusée, le vice-Premier ministre Bülent Arinç a promis devant le Parlement qu’une enquête serait ouverte comprenant une expertise de la balle et des armes utilisées par les forces de l'ordre.
Les dernières violences meurtrières de la police turque remontent à un an, lors de l'important mouvement de contestation antigouvernementale de Gezi. Huit personnes étaient alors mortes et plus 8 000 autres ont été blessées. Depuis, la population, apeurée, est quelque peu réticente à manifester.
Mais la catastrophe minière de Soma (ouest de la Turquie), survenue la semaine dernière, dans laquelle 301 mineurs sont morts, a ravivé la colère de la population contre le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan, accusé d'avoir négligé la sécurité des mineurs et d'avoir manqué d'empathie pour les victimes.
Avec AFP et Reuters