La Russie et la Chine ont mis leur veto, jeudi 22 mai, à un projet de résolution présenté par la France à l'ONU qui prévoyait de saisir la Cour pénale internationale (CPI) des crimes commis en Syrie par les deux camps.
Sans surprise, Moscou et Pékin ont mis jeudi leur veto à un projet de résolution d'inspiration française à l'ONU, qui prévoyait de saisir la Cour pénale internationale (CPI) des crimes commis en Syrie par les belligérants des deux camps. Pourtant, la proposition de résolution, présentée par la France, était soutenue par 62 pays, ont précisé des diplomates. Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague s'est dit "consterné" par cette décision et a appelé Russes et Chinois à la justifier.
Sur FRANCE 24, l'ambassadeur français à l'ONU Gérard Araud a affirmé ne pas comprendre la décision de Moscou. "Il y a des atrocités commises quotidiennement en Syrie, par les deux côtés, nous espérions donc qu'au moins dans le domaine de la justice, la Russie pourrait accepter un texte", a-t-il confié.
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Il s'agit du quatrième blocage de résolutions occidentales provoqué par les deux puissances depuis le début de la crise en Syrie il y a trois ans. Si les Russes protègent leur allié syrien de toute pression ou sanction, les Chinois, eux, s'alignent généralement sur la position du Kremlin. Le projet de résolution entendait dénoncer à la fois les exactions commises par les autorités et "les milices pro-gouvernementales" ainsi que celles perpétrées par les "groupes armés non étatiques" qui combattent le régime.
La Syrie n'est pas membre de la CPI mais le Conseil de sécurité peut demander l'ouverture d'une enquête de la CPI pour des crimes commis sur le territoire de pays non membres, comme ce fut le cas pour le Darfour en 2005 et pour la Libye en 2011.
L'ambassadeur russe aux Nations Unies avait fait savoir, mercredi, que son pays avait l'intention d'opposer son veto au texte qu'il a qualifié de "coup publicitaire" à l'effet néfaste pour la résolution de la crise.
itDémentant toute résolution "politicienne", Laurent Fabius assure, dans une tribune publiée jeudi dans "Le Monde", que le texte concerne l'ensemble des crimes commis en Syrie, quels qu'en soient les auteurs. "Si le régime syrien s'est couvert de sang, cette résolution n'omet pas les crimes commis par d'autres groupes", indique-t-il. "C'est pourquoi, sauf si certains veulent protéger le crime, il serait logique qu'un nouveau veto puisse être évité et qu'un accord des membres du Conseil de sécurité soit possible."
"Les membres du Conseil de sécurité devraient s'unir pour saisir la Cour pénale internationale (CPI) à propos de la tragédie syrienne", a ajouté le chef de la diplomatie française.
En janvier, des experts de l'ONU avaient indiqué avoir rassemblé, au cours des six derniers mois, des éléments suffisants pour pouvoir engager une procédure devant la CPI contre des membres des forces pro-Assad et des chefs rebelles responsables de tortures et de massacres en Syrie .
En France, le pôle génocide et crimes contre l'humanité du Tribunal de grande instance de Paris a commencé à évaluer, en partenariat avec des magistrats de plusieurs pays européens, le type de crimes commis en Syrie et la crédibilité des éventuelles sources d'information.
Avec AFP et Reuters