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Cyberespionnage : coup de froid entre Washington et Pékin

La Chine a convoqué l'ambassadeur américain à Pékin et accuse Washington d'"hypocrisie". Lundi, cinq membres de l’armée chinoise ont été inculpés aux États-Unis pour cyberespionnage.

Alors que Washington a sorti l’artillerie lourde dans sa campagne contre le cyberespionnage chinois, Pékin prépare sa défense. Après l'inculpation, lundi 19 mai, aux États-Unis, de cinq officiers de l'armée chinoise pour "piratage informatique" et "espionnage économique", le ministère chinois des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur américain à Pékin, a annoncé mardi l'agence officielle Chine nouvelle.

Le vice-ministre des Affaires étrangères Zheng Zeguang a transmis lundi soir une "protestation solennelle" de la Chine à l'ambassadeur Max Baucus. Dans la journée, un grand jury de Pennsylvanie avait inculpé cinq officiers chinois accusés d'avoir, entre 2006 et 2014, volé des secrets commerciaux d'entreprises américaines spécialisées dans l'énergie nucléaire ou solaire, ou encore dans la métallurgie.

L’Unité 61398 vs la NSA

Pékin a immédiatement réagi à l'inculpation de ces officiers en dénonçant des accusations "absurdes" qui s'appuient sur des "faits fabriqués" et mettent "en danger la coopération et la confiance mutuelle entre la Chine et les États-Unis". Mardi, Pékin a insisté en accusant Washington d'"hypocrisie" alors qu'un responsable chinois, cité par Chine nouvelle, affirme que les États-Unis étaient les plus grands pirates du cyberespace chinois. Selon lui, entre la mi-mars et la mi-mai, "2 077 réseaux de cheval de troie ou de serveurs botnet aux États-Unis contrôlaient 1,18 million d'ordinateurs en Chine". Pendant la même période, les ordinateurs ou les adresses IP basées aux États-Unis avaient mené quelque 57 000 attaques "backdoor" (porte dérobée) et 14 000 tentatives "phishing" (hameçonnage), technique qui consiste par exemple à envoyer un courrier électronique malveillant aux fins d'obtenir des codes de connexion.

L'existence de l'Unité 61398, dont dépendent les officiers chinois inculpés, avait été révélée en février 2013 par la société américaine de sécurité sur internet Mandiant, conseil du gouvernement américain, dans un rapport consacré à l'ampleur de l'espionnage informatique chinois. Mandiant avait pu suivre la trace de ces cyberattaques jusqu'à un immeuble de 12 étages des faubourgs de Shanghai, qui abrite "des centaines, voire des milliers d'employés" travaillant pour cette unité de l'armée chinoise. Avec les inculpations, la justice américaine met "des visages et des noms derrière les claviers de Shanghaï", a lancé le ministre américain de la justice Eric Holder.

Pékin accuse les cyberespions américains

Selon le "Washington Post", l'espionnage informatique chinois coûte entre 24 milliards et 120 milliards de dollars par an à l'économie américaine. De son côté, Pékin se plaint d'attaques informatiques perpétrées à son encontre par les États-Unis, notamment à la suite des révélations d'Edward Snowden sur l'ampleur de la collecte de renseignement sur internet par la NSA, l'agence de renseignement américaine.

S'appuyant sur des documents fournis par l'ancien consultant de la NSA, la presse américaine a révélé au début de l'année que l'agence américaine avait pendant des années accédé aux archives des courriels du géant chinois des télécoms et d'internet Huawei, à des documents internes de communication entre des dirigeants de la société, ainsi qu'aux codes secrets de produits de l'entreprise. "La Chine a demandé à maintes reprises aux États-Unis de mettre fin (à ces pratiques) mais ils ne font jamais aucune déclaration sur leur espionnage (...) sans parler de présenter leurs excuses aux Chinois", a souligné Chine nouvelle.

Avec AFP