logo

L'actrice iranienne Leila Hatami, membre du jury du festival de Cannes, s'est attirée les foudres des autorités iraniennes pour une "attitude inappropriée" à Cannes. Son faux pas : avoir fait la bise au président du festival, Gilles Jacob.

"Coutume habituelle" à Cannes et scandale à Téhéran. Mercredi 14 mai, lors de la soirée d'ouverture du Festival de Cannes, son président, Gilles Jacob a fait la bise à l'actrice iranienne Leila Hatami, membre du jury. Depuis, la scène, reprise floutée par certains médias iraniens, fait scandale en Iran.

Le vice-ministre iranien de la Culture s’est montré très critique : "Qu'elle soit artiste ou non, la femme iranienne est le symbole de la chasteté et de l'innocence, donc une telle attitude inappropriée (ayant eu lieu) récemment au festival de Cannes n'est pas conforme à nos principes religieux." Cité par le site internet de la radio-télévision Irib, Hossein Noushabadi a expliqué : "Celles qui participent à des évènements internationaux devraient prendre en compte la crédibilité et la chasteté des Iraniens, afin de ne pas montrer une mauvaise image des Iraniennes."

Face à une "polémique (...) qui n'a pas lieu d'être", le président du festival de Cannes s'est fendu de deux tweets, lundi matin, pour rappeler que la bise était "une coutume habituelle en occident" :

Cette polémique basée sur une coutume habituelle en occident n'a donc pas lieu d'être.

— gilles jacob (@jajacobbi) 19 Mai 2014

C moi qui ai fait la bise à Mme Hatami. À ce moment, elle représentait pour moi tout le cinéma iranien, ensuite elle est redevenue elle-même

— gilles jacob (@jajacobbi) 19 Mai 2014


La loi islamique face au mode de vie occidental

Née à Téhéran dans une famille de cinéastes, Leila Hatami a accédé à la notoriété mondiale avec le film "Une séparation" d'Asghar Farhadi, récompensé par un Ours d'or au Festival de Berlin en 2011 et un Oscar du meilleur film étranger l'année suivante.

Des responsables religieux craignent que les Iraniens, en particulier les jeunes, ne délaissent les valeurs islamiques pour un mode de vie plus occidental. Selon la loi islamique, en vigueur dans le pays depuis la révolution de 1979, une femme ne peut pas avoir de contact physique avec un homme étranger à sa famille.

Les conservateurs iraniens ont également réclamé récemment la stricte application du port du voile islamique dans les lieux publics, après une campagne sur internet où plusieurs centaines d'Iraniennes sont apparues non voilées. Pour vérifier que les femmes respectent scrupuleusement les règles vestimentaires dans la rue, la police a créé il y a plus d'une dizaine d'années une unité de "moralité", qui impose des amendes ou arrête les femmes jugées mal voilées.

Mais le président Hassan Rohani, élu en juin 2013 après avoir fait campagne pour davantage de libertés culturelle et sociale, a demandé en octobre à la police de faire preuve de tolérance au sujet du voile.

Avec AFP