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Depuis l'Italie, Jérôme Kerviel s'est estimé victime d'une "affaire d'État" et a demandé à rencontrer le président français. Le parquet de Paris a répété que s'il ne se rendait pas à la police, il serait considéré comme fuyard.

Jérôme Kerviel, l’ex-trader de la Société Générale, tente le tout pour le tout. Sommé de se rendre avant dimanche 18 mai au soir à la police française sous peine d’être considéré "en fuite", l’homme âgé de 37 ans a demandé, depuis l’Italie, à rencontrer le président français François Hollande.

Il souhaite, explique-t-il dans un communiqué, lui "exposer l’ensemble des dysfonctionnements graves" qui ont marqué son procès. Il a aussi demandé à ce que l’exécution de sa peine soit suspendue "dans les heures qui viennent". "Cette peine est exécutoire dans les cinq ans, conformément au code pénal, et il n'y a donc aucune urgence à l'emprisonner, sinon à le faire taire", poursuit le communiqué.

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"J'attends la réponse du président de la République"

L’ancien courtier, devenu pourfendeur du monde de la finance, est apparu samedi soir devant la presse qu’il avait convoquée à Vintimille, à quelques kilomètres de la frontière française. Le visage parqué par le soleil et la longue marche qu’il a entreprise depuis Rome, Jérôme Kerviel a expliqué que des témoins clés du monde judiciaire qui connaissaient bien son dossier étaient "prêts à parler, mais ont peur pour leur poste".

"J’attends côté italien la réponse de François Hollande sur l’immunité que je demande pour ces personnes", a-t-il conclu. Quelques heures plus tard, l’Élysée, visiblement agacé par le remue-ménage médiatique organisé par l’ex-trader et son avocat, a fait savoir qu’aucune rencontre n’était à l’ordre du jour. Mais, a poursuivi l’exécutif, si Jérôme Kerviel sollicite une demande de grâce présidentielle, sa demande sera examinée "selon la procédure habituelle", après "une instruction et un avis de la Chancellerie".

Mandat d’arrêt européen

"Je ne demande pas ma grâce", a répliqué le principal intéressé quelques heures plus tard, avant de poursuivre : "C’est une affaire d’État où le pouvoir a pris le dessus sur le droit qui devrait s’appliquer à tout le monde". En avril dernier, Jérôme Kerviel a tenté une volte-face judiciaire. Il a porté plainte contre la Société Générale pour subordination de témoin, en l’accusant d’avoir versé plus d’un million d’euros à son ancien supérieur hiérarchique pour qu’il témoigne en faveur de la banque.

En 2010, Jérôme Kerviel a écopé d’une peine de cinq ans de prison dont trois fermes pour des malversations estimées à 4,9 milliards d’euros, et condamné à rembourser l’intégralité de cette somme à la Société Générale. En mars 2014, à la surprise générale, la cour de cassation avait annulé cette dernière condamnation mais avait maintenu la peine de prison. L’homme n’a effectué que 41 jours de prison, en préventive.

Dimanche, le parquet général de Paris, inflexible, a réitéré ses menaces : "À l’expiration du délai de convocation au commissariat de Menton ce soir [dimanche] à minuit, Jérôme Kerviel sera considéré en fuite et un mandat d’arrêt européen sera délivré à son encontre dans le respect de la décision de justice le concernant". Dans ce cas, l’homme pourra être arrêté sur le sol italien.

Samedi, envisageant ce scénario, l’homme qui jouait avec les milliards avait lancé, bravache : "S’ils viennent me chercher dimanche, c’est mon destin, ce n’est pas grave, je suis encore dans le combat, je resterai dans le combat".

Avec AFP