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Conflit du Soudan du Sud : Salva Kiir et Riek Machar trouvent un accord

Le président sud-soudanais, Salva Kiir, et le chef des insurgés, Riek Machar, se sont rencontrés vendredi à Addis-Abeba pour la première fois depuis le début du conflit mi-décembre. les deux hommes ont signé un engagement à "cesser les hostilités".

Ils se sont serré la main. Le président sud-soudanais, Salva Kiir, et son ex-vice-président, Riek Machar, se sont rencontrés à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, vendredi 9 mai. Un rendez-vous inédit depuis le début du conflit civil le 15 décembre dernier. Ils se sont entendus sur le principe de l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu dans les 24 heures et sur la nécessité d'un gouvernement de transition.

Les deux hommes se sont entretenus sur fond de pressions internationales pour conclure un accord de paix et mettre fin à un conflit qui pourrait prendre la dimension d'un génocide.Début mai, le secrétaire d'État américain, John Kerry, a pressé  les deux opposants d'intensifier leurs efforts pour que cessent combats et exactions, sous peine de sanctions.  Washington a d’ailleurs pris des premières mesures contre deux généraux, de l'un et l'autre camp, "responsables d'actes de violences inconcevables contre des civils".

Les observateurs doutent de la sincérité des deux camps

Une poignée de main suffirait-elle à mettre un terme au conflit sanglant qui a éclaté il y a bientôt 4 mois dans l’État le plus jeune du monde ? Rien n’est moins sur tant les antagonismes entre les deux hommes sont profonds.  Limogé en juillet 2013 par Salva Kiir, Riek  Machar a pris le maquis en décembre après avoir été accusé de tentative de coup d'État.  

Les observateurs doutent de la sincérité des deux camps, qui s'accusent mutuellement de bloquer les discussions. Les pourparlers ouverts en janvier à Addis Abeba pour trouver une issue politique au conflit n'ont jusqu'ici péniblement débouché que sur un cessez-le-feu, jamais appliqué depuis sa signature le 23 janvier.

D'un conflit à l'autre

En devenant indépendant en juillet 2011, le Soudan du Sud espérait pourtant tourner la page de l'une des guerres les plus meurtrières d'Afrique, qui a opposé, de 1983 à 2005, Khartoum à une rébellion sudiste, désormais au pouvoir à Juba. Mais le nouveau conflit, qui a éclaté entre les troupes fidèles à Salva Kiir et les mutins rangés derrière Riek Machar, a fait des dizaines de milliers de morts. Plus de 1,2 million de Sud-Soudanais ont été chassés de chez eux.

À la rivalité politique entre Kiir et Machar se greffent des tensions entre les peuples dinka et nuer, dont ils sont respectivement issus, et les combats s'accompagnent de massacres contre les civils. La Mission locale des Nations unies (Minuss) a fait état d'indices sérieux de "crimes contre l'humanité" commis par les deux camps.  La Haut-Commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, Navi Pillay, a signalé de "nombreux signes précurseurs de génocide".

Avec AFP et REUTERS