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Indépendance de l'Écosse : Cameron ne démissionnera pas si le oui l’emporte

À quatre mois du référendum sur l’indépendance de l’Écosse et alors que le camp du oui gagne du terrain, le Premier ministre britannique David Cameron a exclu de démissionner en cas de victoire des indépendantistes.

"Il ne s’agit pas de mon avenir, il s’agit de l’avenir de l’Écosse". Le Premier ministre britannique David Cameron, lors d’une interview à la BBC vendredi 9 mai, a exclu de démissionner en cas d’indépendance de l’Écosse.

Dans un peu plus de quatre mois, le 18 septembre 2014, les Écossais seront appelés à se prononcer sur l’indépendance de leur pays, actuellement l’une des quatre nations constituant le Royaume-Uni. Depuis quelques mois, le camp du "oui" gagne du terrain et réduit l’écart avec les unionistes. Selon un récent sondage, 39 % des Écossais se prononceraient pour le "oui" contre 42 % pour le "non". À l’automne, l’écart était de plus de 20 points.

De quoi rendre Londres nerveux. Mais David Cameron, hostile à l’indépendance, reste droit dans ses bottes. "Je pense avoir bien agi en permettant la tenue de ce scrutin", a-t-il également affirmé sur la BBC. C’est en effet lui qui, aux côtés de son homologue écossais Alex Salmond, en octobre 2012, avait paraphé l’accord d’Édimbourg prévoyant l’organisation de la consultation populaire. À l’époque, l’opinion publique était largement opposée à tout projet d’indépendance.

La posture du Premier ministre britannique est devenue d’autant plus inconfortable que le Parti conservateur est très mal implanté en Écosse. Selon la presse britannique, David Cameron a averti ses alliés qu’il ne quitterait pas Downing Street si le "oui" l’emportait pour éviter de surpolitiser le scrutin. Et pour également éviter que les partisans du "oui" se servent de l’avenir du chef du gouvernement pour défendre leur cause.

Quand Londres s’en mêle…

Les trois principales formations politiques britanniques (Parti conservateur et Libéraux démocrates, associés dans le cadre de la coalition gouvernementale, et Parti travailliste, opposition) militent pour le maintien de l'union vieille de 307 ans entre l'Angleterre et l'Écosse. Un combat qui se révèle compliqué sur le terrain : les Écossais se montrent assez susceptibles quand Londres entreprend de se mêler du référendum. Le contexte politique écossais lui est d’ailleurs hostile : un seul député conservateur siège en Écosse, traditionnellement beaucoup plus à gauche.

George Osborne, le chancelier de l'Échiquier, en a fait les frais lorsqu’il est venu fin mars faire une visite éclair dans la capitale écossaise. Le conservateur s’est fait menaçant : il a assuré que Londres refuserait de partager la livre sterling, contrairement à ce que souhaitent les indépendantistes. Les sondages ont parlé d’eux-mêmes : l’écart entre les indépendantistes et les unionistes s’est soudainement accentué.

Dans l’autre camp, les partisans du "oui" mènent parallèlement une campagne active et enthousiaste, qu’ils qualifient eux-même de "positive" face à la peur et la menace que brandissent les opposants à l’indépendance. Leur projet indépendantiste est d’ailleurs loin d’être radical : ils ne comptent pas instaurer de frontière avec le Royaume-Uni et souhaitent symboliquement maintenir la Reine à la tête de l’État.

Le "oui" est par ailleurs incarné par un personnage à l’humour et à l’habileté redoutablement efficaces : le Premier ministre Alex Salmond.  Lors des législatives de 2011, l’homme avait obtenu la majorité absolue de son parti, le SNP (Scottish National Party), au Parlement écossais , à la surprise générale, malgré un mode de scrutin qui ne lui était pas favorable. Au regard de la campagne menée par cet homme, doué, rassurant et très à l’aise en public, l’indépendance de l’Écosse apparaît comme un défi qu’il serait fort capable de relever.