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Le géant chinois du commerce en ligne, Alibaba Group, a lancé, mardi, sa procédure d'entrée à Wall Street. Très attendue, il pourrait s’agir de la plus grosse introduction en Bourse technologique de l’histoire, devant Facebook.

Il devrait s’agir de l’une des plus grosses introductions en Bourse de l’histoire. Le numéro un chinois du e-commerce, Alibaba Group, a déposé dans la soirée du mardi 6 mai son projet de cotation à Wall Street. La date officielle d’introduction n’a pas encore été annoncée mais l’opération est imminente. Alibaba Group n’a pas non plus précisé combien de titres seront vendus ni à quel prix.

Pour l’heure, le projet ne mentionne qu’une levée de fonds d’un milliard de dollars (718 millions d’euros) mais les analystes financiers s'attendent à un volume final bien plus important, avec des estimations variables tournant autour d'une quinzaine de milliards de dollars (11 milliards d'euros). Le Chinois devrait donc, a minima, faire jeu égal avec le réseau social américain Facebook, jusqu'ici la plus grosse introduction en Bourse technologique de l'histoire avec 16 milliards de dollars levés en mai 2012 à la Bourse de New York. Tous secteurs confondus, le record est détenu par la banque chinoise AgBank avec 22 milliards obtenus en 2010 à Hong Kong et Shanghai.

Alibaba Group est le propriétaire de plusieurs plateformes dont TaoBao, le principal site marchand pour particuliers de Chine, AliPay, équivalent de PayPal mais aussi Alibaba.com, déjà coté à Hong Kong. Trois sites qui comptent parmi les 100 les plus visités au monde. La valorisation du groupe après introduction est estimée entre 80 et 200 milliards de dollars, ce qui placerait Alibaba Group en 2e position derrière Google dans le classement des plus grandes entreprises Internet. En comparaison, Amazon valait mardi soir environ 137 milliards de dollars en Bourse, et eBay 65 milliards.

Contexte défavorable aux entreprises technologiques

Malgré des chiffres étourdissants, l’opération d’Alibaba Group n’est pas sans risque. Le contexte s'est récemment fait moins favorable aux valeurs technologiques à Wall Street, où les valorisations élevées du secteur font craindre une nouvelle bulle. Certaines entrées en Bourse récentes en ont pâti.

C’est le cas de King Digital Entertainment, l'éditeur du populaire jeu vidéo Candy Crush, qui s'était évalué à 7,1 milliards de dollars, mais a finalement plongé de 9 % dès sa première séance. Le réseau en ligne Weibo, considéré comme le "Twitter chinois", a mieux démarré mi-avril avec un gain d'un peu plus de 19 % sur la première séance. Mais son prix d'introduction avait été fixé tout en bas de la fourchette espérée.

Du côté d’Alibaba Group, il est à rappeler que le site, peu connu a l’étranger, génère l’essentiel de ses revenus depuis la Chine, où il bénéficie du pouvoir d'achat croissant des consommateurs chinois. Ce qui n'a pas empêché la direction d'opter pour la Bourse de New York.

Pourquoi Alibaba peut faire mentir la tendance

Alibaba Group peut tout de même espérer séduire plus d’investisseurs que les autres entreprises de technologies du moment, notamment grâce à une échelle bien plus importante (il est plus gros qu'eBay et Amazon réunis), ainsi qu’à des taux de croissance fulgurants et des rendements très élevés.

Créé en 1999 à Hangzhou, près de Shanghai, par un ancien professeur d’anglais, Jack Ma, Alibaba Group se présente comme la plus grosse société de commerce en ligne et mobile au monde, en termes de volume de marchandises vendues. Sur son exercice clos fin mars, son chiffre d'affaires s'est envolé de 72 % à 5,55 milliards de dollars et son bénéfice net a doublé à 1,35 milliard, d'après les données fournies dans son document boursier de plus de 300 pages.

Le groupe ne compte aujourd'hui que 24 000 employés et comptait 36,7 millions de clients enregistrés en 2012. Lors de l’équivalent du Black Friday américain, Alibaba a traité plus de 5,7 milliards de dollars de ventes, 3 fois plus que lors du Black Friday dans tous les États-Unis.

"Une station pour faire le plein d'essence"

Dans un mémo envoyé mardi à tous les employés d'Alibaba et rendu public par la presse chinoise, Jack Ma a décrit Wall Street comme "une station pour faire le plein d'essence" en vue d'ambitieux développements futurs. "Nous croyons que, quelles que soient les difficultés rencontrées, s'en tenir à ce principe dans l'avenir comme nous l'avons fait dans le passé permettra de respecter et de protéger les intérêts de tous", a expliqué le digireant de 49 ans qui n’écarte pas la possibilité d’une introduction boursière en Chine, dans un second temps.

L'un des bénéficiaires sera dans tous les cas Yahoo!. Le groupe internet américain, qui détient 22,6 % du capital d’Alibaba Group pour une valeur de 37 milliards, cèdera environ 10 % de ses parts lors de l'entrée en Bourse. Une opération jackpot qui permettra à Yahoo! de récupérer un beau pécule en vue de probables nouvelles acquisitions.

Parmi les autres "actionnaires principaux et/ou vendant des titres" cités dans le document boursier déposé à Wall Street figurent le groupe de télécoms japonais Softbank (34,4 %), Jack Ma (8,9 %) et le co-fondateur Joe Tsai (3,6 %).

Avec AFP et Reuters