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Plus d'un an après le début de la crise en Centrafrique, les violences restent quotidiennes dans le pays, malgré la présence des forces internationales. Reportage à Bouca, dans le centre du pays.
À Bouca, à 200 km au nord la capitale centrafricaine, des maisons calcinées tombent en ruines et les quelques habitants encore présents vivent dans une paroisse, terrorisés. Les stigmates du passage des rebelles de l'ex-Séléka, en avril dernier, sont toujours là.
Le 22 avril, une centaine d'entre eux ont pris d'assaut pendant 48 heures cette ville charnière, située entre les territoires ex-Séléka et anti-balakas (milices chrétiennes). Les habitants de la région se disent "martyrs" de l'ancienne rebéllion, qui vient régulièrement piller et tuer une population à bout de souffle. Depuis sept mois, quelque 120 chrétiens sont morts, contre une quarantaine de musulmans, tués par les anti-balakas. Cent jours après l'entrée en fonction de la nouvelle présidente Catherine Samba Panza, la réconciliation entre chrétiens et musulmans de Centrafrique semble une mission impossible.
"Les forces africaines préfèrent rester en ville"
Pris pour cibles, les prêtres et les soeurs catholiques de la ville ont temporairement quitté la région, laissant leurs ouailles à leur triste sort. Le dernier représentant de l'église ne se dit guère confiant envers les forces africaines de la Misca. "Elles laissent [les anti-balakas] entrer ici, elles préfèrent rester en ville uniquement, vous voyez c'est ce qui nous fait très peur", confesse Jean de Dieu, vice-président de la paroisse de Bouca.
L'église est aujourd'hui protégée par les milices chrétiennes, admet-il. Armes artisanales au poing et gris-gris à la ceinture, les anti-balakas affirment protéger les leurs, même face aux armes lourdes, et résister "par la grâce de Dieu".
Conditions d'hygiène déplorables
Environ 4 000 personnes sont réfugiées dans cette paroisse, dans des conditions d'hygiène déplorables. L'aide humanitaire parvient au compte-goutte. Une femme enceinte a récemment perdu son bébé après avoir parcouru 43 km à pied pour rejoindre l'hôpital, dont le service de maternité avait été fermé quelques mois plus tôt.
"Si on se sentait en sécurité, on serait descendues à l'hopital pour aller accoucher. Mais comme ce n'est pas le cas, on peut seulement les faire accoucher à même le sol", déplore Alice-Rose Befio, ancienne responsable de la maternité de Bouca.