Yingluck Shinawatra, la Première ministre thaïlandaise, est accusée d’abus de pouvoir dans une procédure qui peut mener à sa destitution. Elle clame son innocence.
Face aux juges de la Cour constitutionnelle, Yingluck Shinawatra a affirmé, mardi 6 mai, qu’elle n’avait rien à se reprocher. La Première ministre est accusée de s'être débarrassée d'un haut fonctionnaire au bénéfice de son parti. "Je nie les accusations. Je n'ai violé aucune loi", a martelé la chef du gouvernement.
Lors de l'arrivée au pouvoir de Yingluck Shinawatra en 2011, Thawil Pliensri, alors patron du Conseil de sécurité nationale, avait perdu son poste. Il a depuis réintégré ses fonctions sur ordre du tribunal administratif.
Un groupe de sénateurs, avait alors déposé un recours devant la Cour constitutionnelle, assurant que son éviction avait profité au Puea Thai, le parti du clan Shinawatra, au pouvoir.
La Cour a annoncé mardi qu'elle prendrait une décision éclair, dans les 24 heures.
"En Thaïlande, toutes les institutions, même les plus hautes, comme la Cour constitutionnelle, sont très politisées et en général défavorables au camp Shinawatra", commente Cyril Payen, le correspondant de France 24 à Bangkok. "Elles sont plutôt favorables aux gens qui sont dans la rue en ce moment, c’est-à-dire l’establishment, les chemises jaunes. Donc on peut s’attendre à un avis défavorable pour Yingluck Shinawatra, [...] qui verrait immédiatement la révocation de la Première ministre."
Institutions politisées
Depuis six mois, la Thaïlande est secouée par une crise politique marquée par de grandes manifestations, qui ont poussé des dizaines voire des centaines de milliers de personnes dans les rues, pour demander le départ du gouvernement Shinawatra, ou le soutenir.
Les élections législatives de février ont été perturbées par ces manifestations, et finalement invalidées par la Cour constitutionnelle il y a quelques jours. Et le gouvernement, fragilisé, ne peut qu'expédier les affaires courantes depuis la dissolution du Parlement en décembre.
Une deuxième procédure judiciaire est par ailleurs susceptible de chasser Yingluck Shinawatra du pouvoir : la Première ministre est accusée par la commission anti-corruption de négligence dans le cadre d'un programme controversé d'aide aux riziculteurs.
Les partisans de la chef du gouvernement et de son frère, l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, s’attendent à des décisions de justice pour ces deux procédures dans les prochains jours, et se préparent donc à de nouvelles manifestations.
Renversé par un coup d’Etat en 2006, Thaksin Shinawatra vit aujourd’hui en exil. Ses opposants l’accusent d’avoir mis en place un système de corruption généralisé et d’utiliser sa sœur comme une marionnette.
Pour tenter de sortir de cette crise qui a déjà fait 25 morts et des centaines de blessés dans les affrontements entre manifestants des deux camps ou avec la police, de nouvelles législatives ont été programmées pour le 20 juillet.
Avec AFP