
Malgré les scandales et les échecs de l'actuel gouvernement, le Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir en Afrique du Sud, est déjà donné vainqueur des élections législatives, organisées mercredi 7 mai.
Au pouvoir en Afrique du Sud depuis 1994, le Congrès national africain (ANC) est le grand favori des élections législatives, organisées mercredi 7 mai. Selon un sondage Ipsos publié dimanche par le journal "Sunday Times", le parti de l’ancien président Nelson Mandela, décédé en décembre, est crédité de 63,9 % des intentions de vote.
Confiant dans sa victoire, l’ANC a rassemblé, dimanche, près de 100 000 partisans à Soweto. Son leader, Jacob Zuma, a promis à ses supporters de donner la priorité au développement économique. "Nous serons victorieux le 7 mai. L’ANC a l’envergure historique, l’expérience, la volonté politique, la capacité et la détermination à […] faire avancer l’Afrique du Sud", a lancé l’actuel président, qui en cas de victoire de son parti serait assuré d’entamer un deuxième mandat. Il revient, en effet, à l’Assemblée nationale d’élire le chef de l’État après les élections législatives.
Un pays toujours inégalitaire
Aucun parti ne semble en mesure de contester le pouvoir de l'actuel président, même si Jacob Zuma a été éclaboussé par une récente affaire d’’abus de fonds public. L’Alliance démocratique (AD), qui a porté plainte contre le président à la suite des travaux d’un montant d’environ 15 millions d’euros réalisés dans sa résidence personnelle, n’est créditée que de 23,7 % des intentions de vote.
Ce parti est toutefois en progression depuis les dernières élections, il y a cinq ans où il avait remporté 16,7 % des voix. Pour tenter de rallier le plus grand nombre d’électeurs, il n’a de cesse de dénoncer les énormes inégalités qui subsistent entre riches et pauvres en Afrique du Sud.
"L’ANC est devenu arrogant, parce qu’il croit que les électeurs continueront à voter pour eux, quoi qu’ils fassent", a lancé samedi Helen Zille, la dirigeant de l’AD. "Quand un gouvernement devient corrompu, quand il ne fait pas correctement son travail, l’économie est en déclin, le chômage progresse, la pauvreté s’aggrave et quelques puissantes deviennent de plus en plus riches. C’est la triste histoire de ce pays ces cinq dernières années".
Alors qu’elle vient de fêter les 20 ans de ses premières élections libres du 27 avril 1994, l’Afrique du Sud est en effet encore loin de la société égalitaire rêvée par Nelson Mandela. Comme le rapporte l’agence Reuters, une enquête a montré en 2013 que 42 % des Noirs vivent dans la pauvreté contre 1 % des Blancs. Symbole de ce fossé, des explosions de violence ont frappé ces dernières semaines les quartiers pauvres des grandes villes. Des jeunes, pour la plupart, ont voulu protester contre l’absence des services de base : 14 % des foyers n’ont toujours pas d’électricité, 5 % pas d’eau courante et 17 % pas de toilettes privatifs.
Desmond Tutu prend ses distances avec l’ANC
Face à cette situation, l’une des grandes figures de la lutte contre l’Apartheid, l’archevêque retraité Desmond Tutu, a pris position. Il a annoncé le mois dernier que pour la première fois, il ne donnerait pas son bulletin à l’ANC : "Je le dis le cœur lourd. Réfléchissez ! Ne votez pas à la légère. Ne vous transformez pas en bétail électoral !".
Deux dissidents de l’ANC, l’ex-ministre du Renseignement Ronnie Kasrils et l’ancienne vice-ministre de la Santé Nozizwe Madlala-Routledge, ont aussi appelé à boycotter leur ancien parti et à glisser des bulletins nuls dans l’urne. "Nos dirigeants doivent comprendre qu’il y a de plus en plus de gens mécontents dans notre pays. Nous appelons tous les Sud-Africains à voter le 7 mai pour utiliser ce droit démocratique pour lequel des gens sont morts, utiliser leur droit à dire ce qu’ils pensent de nos dirigeants", a estimé Nozizwe Madlala-Routledge.
Les électeurs pourront également se tourner vers le nouveau parti très marqué à gauche de l’ancien leader du mouvement de la jeunesse de l’ANC, Julius Malema. Ce dernier appelé "Les combattants de la liberté économique", entend nationaliser les mines, théâtres de nombreuses grèves dont celles sanglantres de Marinaka , instaurer un salaire minimum ou encore rendre la scolarité gratuite. Pour sa première bataille électorale, ce parti est crédité de 4,7 % des intentions de vote.
Avec AFP et Reuters