Quelque dix journalistes en exil sont accueillis par la Maison des Journalistes à Paris. À l'occasion de la Journée Internationale pour la liberté de la presse, samedi, le refuge a ouvert ses portes. Reportage.
C'est un refuge pour tous les journalistes qui n'ont plus droit de citer. La Maison des Journalistes à Paris accueille toute l’année des professionnels de la presse des quatre coins du monde, privés de leur liberté d’expression et cibles de représailles de la part de régimes politiques autoritaires.
Johnny est l’un d’entre eux. Il vient de Centrafrique et depuis quatre mois, il est en exil. Pris pour cible par la Séléka, le journaliste ne pouvait plus rester dans son pays. "Ils ont pris mon sac avec mon ordinateur, ils voulaient partir avec. Ils m'ont rendu mon ordinateur et quand j'ai voulu remettre l'ordinateur dans le sac, j'ai vu rouler une grenade. Ils ont laissé une grenade dans mon sac".
"D'autres ont disparu et on ne sait pas où ils sont"
itAujourd’hui loin des siens et du danger, le jeune homme espère pouvoir retourner prochainement dans son pays pour y exercer librement son métier. En attendant, la Maison des Journalistes lui a ouvert ses portes pour lui permettre de se reconstruire et surtout, d'être libre.
"Quand ils arrivent chez nous, ils sont hébergés et ils sont accompagnés également pour la reconnaissance de leur statut politique par l'OFPRA et pour accéder aux droits sociaux également : la couverture médicale, l'inscription au Pôle emploi. Donc ce sont des démarches administratives mais il faut passer par là", explique la directrice de la Maison des Journalistes, Darline Cothière.
La situation de Johnny est loin d’être unique. Stanley Gatera a fui le Rwanda pour l'Ouganda voisin il y a quelques jours car il craignait pour sa sécurité. Selon lui, tous ses ennuis seraient partis d’une interview.
"J'ai donné une interview à Al-Jazira, critique contre le gouvernement", raconte le jounaliste rwandais. "La présidence n'a pas été contente. Donc ils ont planifié mon arrestation. J'étais dans un bar, quelqu'un a glissé une enveloppe d'argent dans ma poche. Il y avait des policiers dans la salle alors ils se sont levés immédiatement et m'ont dit 'nous sommes la police et tu es en état d'arrestation'".
Stanley Gatera ne veut pas s’apitoyer sur son sort. "Il ne s'agit pas que de moi, explique-t-il à FRANCE 24. D'autres ont peur. D'autres ont disparu et on ne sait pas où ils sont. D'autres sont en prison. Donc c'est très, très dur d'être journaliste au Rwanda". Tout comme dans d'autres pays au monde. L'ONG Reporters sans frontières estime que sur l'année 2013, plus de deux milles journalistes ont été agressés ou menacés, mais seuls 77 ont quitté leur pays.