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D'Istanbul à Singapour : tour du monde des manifestations du 1er-Mai

Des millions de personnes manifestent dans le monde en ce 1er mai, journée de la Fête du travail : en Turquie et au Cambodge, où des heurts ont éclaté, mais aussi en Malaisie, en Indonésie… En Europe, les syndicats défileront contre l’austérité.

Des millions de personnes devaient battre le pavé jeudi dans le monde pour la Fête du travail, dans un contexte parfois tendu. À Istanbul, des heurts entre police et manifestants ont éclaté, un an après la vague de contestation qui a secoué la Turquie. La police a dispersé à coup de canon à eau et de gaz lacrimogènes des centaines de manifestants qui tentaient de défier l'interdiction de se rassembler sur la Place Taksim, place emblématique du mouvement anti-Erdogan, chef du gouvernement.

Les abords du cœur européen de la mégapole turque avaient été transformés en camp retranché et des dizaines de milliers de policiers - jusqu'à 40 000 selon les médias turcs - étaient mobilisés pour en barrer l'accès.
Dopé par le triomphe de son parti aux élections municipales du 30 mars et en pleine pré-campagne pour la présidentielle du mois d'août, le Premier ministre Recept Tayyip Erdogan avait mis les manifestants en garde : "N'ayez aucun espoir pour Taksim (...) allez manifester dans d'autres endroits d'Istanbul", avait-il lancé.
Au Cambodge, soutien aux ouvriers du textile
Les célébrations du 1er-Mai ont aussi été perturbées au Cambodge, où les syndicats avaient appelé à manifester pour soutenir des ouvriers du textile en grève dans deux zones économiques spéciales près de la frontière avec le Vietnam. La plupart des travailleurs de ce secteur vital pour l'économie cambodgienne, qui emploie 650 000 personnes, gagnent moins de 100 dollars par mois.
La police, armée de matraques et de bâtons, a dispersé les manifestants rassemblés aux abords du Parc de la liberté à Phnom Penh, fermé pour en empêcher l'accès aux opposants au Premier ministre Hun Sen, au pouvoir depuis 30 ans. Plusieurs personnes ont été sévèrement battues.  
Des manifestations sont également prévues en Indonésie, en Malaisie mais aussi dans les économies parmi les plus développées d'Asie comme Hong Kong, Singapour, Séoul ou Taïwan, où l'augmentation du coût de la vie, et en particulier le prix exorbitant du logement, creusent les inégalités.
En Europe, les syndicats sont divisés
En Europe, de nombreux défilés marquent traditionnellement le 1er-Mai, "journée internationale des travailleurs" née lors du mouvement pour la réduction du temps de travail à la fin du XIXe siècle aux États-Unis.
En France, les syndicats défileront sous des bannières différentes pour la deuxième année consécutive. La CGT et FO marcheront ensemble jeudi à Paris contre le plan d'économie de 50 milliards d'euros annoncé par le Premier ministre Manuel Valls, tandis que la CFDT et l'Unsa se rassembleront dans la capitale sous le signe de l'Europe. Quant au Front national, il entend faire une "démonstration de force" à moins d'un mois des élections européennes.
L'Espagne, qui sort timidement du marasme économique et reste minée par un chômage record, descendra également dans la rue à Madrid et dans plus de 70 villes.
À Moscou, les organisations syndicales russes défileront sur la Place-Rouge, renouant avec une tradition datant de l'Union soviétique en pleine vague de patriotisme en Russie exacerbée par la crise ukrainienne. Grecs et italiens défileront également.
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