
Louise Dupont reçoit le réalisateur Alexandre Arcady qui, sept ans après les faits, revient dans "24 jours" sur un drame qui avait bouleversé la France. En 2006, Ilan Halimi, 23 ans, avait été enlevé, séquestré et torturé par le "gang des Barbares" de Youssouf Fofana, avant de mourir quelques heures après avoir été abandonné dans la nature par ses ravisseurs.
Après une quinzaine de longs métrages, le réalisateur Alexandre Arcady revient avec "24 jours", l’histoire d’Ilan Halimi, ce jeune homme de 23 ans torturé puis abattu en janvier 2006 parce qu’il était juif. En salles mercredi, le film, qui doit son nom aux 24 jours d’agonie de la victime, se veut avant tout une œuvre mémorielle. "En tant que cinéaste, j’ai voulu raconter cette histoire pour qu’on ne l’oublie pas. Le cinéma joue un rôle dans la mémoire collective", nous dit-il.
Le corps d’Ilan Halimi avait été retrouvé le long des lignes du RER près de la gare de Sainte-Geneviève-des-Bois, dans l’Essonne. Le jeune homme avait été attiré dans un guet-apens un soir de janvier 2006, à Sceaux, dans les Hauts-de-Seine. Il a ensuite été retenu et torturé dans une cité de Bagneux. Ses ravisseurs, pétris de préjugés antisémites, avaient réclamé une rançon exorbitante à ses parents, estimant qu’un juif "est forcément riche". Youssouf Fofana, le chef du "gang des barbares", qui a reconnu avoir porté les coups mortels, a été condamné à la prison à perpétuité en 2009.
Adaptation du livre éponyme de Ruth Halimi, la mère de la victime, "24 jours" retrace les nombreux ratés d’une enquête policière qui, jusqu’à la découverte du corps, n’avait pas été ébruitée médiatiquement. Les enquêteurs "se sont trompés parce qu’ils n’ont pas cru à un acte antisémite aussi banal et aussi barbare. Ils pensaient avoir affaire à des malfrats, mais c’étaient des bras cassés antisémites qu’ils avaient face à eux", commente le cinéaste.
Raconté du point de vue de la famille de la victime, le récit de ce drame a toutefois été accusé de verser dans le communautarisme. "Je n’ai pas fait un film communautaire, se défend Alexandre Arcady. À Bagneux [où le film a été montré en avant-première], c’est un public de toutes les confessions, de toutes les origines, de tous les âges qui a ovationné le film. Les gens nous ont remerciés de l’avoir fait car cela va leur permettre de transmettre et de dire ‘il ne faut plus que cela arrive’."