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Législatives en Irak : soldats, policiers et expatriés ont commencé à voter

Les membres des forces de sécurité irakiennes, qui représentent un électeur sur vingt, ont commencé à voter lundi pour les premières élections législatives depuis le départ des troupes américaines. Un scrutin déjà endeuillé par un attentat.

Les forces de sécurité irakiennes ont commencé à voter lundi, deux jours avant les législatives du mercredi 30 avril, les premières depuis le départ des troupes américaines d'Irak. Environ 9 000 candidats sont en lice pour 328 sièges au Parlement.

Dès l'ouverture des bureaux de vote, soldats et policiers s'alignaient devant les écoles de Bagdad et du reste du pays, avant de repartir le doigt marqué de la traditionnelle encre violette indiquant "a voté".

"Je suis venu voter pour le bien de l'Irak, et pour chasser ceux qui n'ont pas servi le pays", explique Ahmed, un policier rencontré dans la file d'attente d'un bureau de vote du centre de Bagdad. "Nous voulons élire de meilleures personnes".

3 000 morts depuis le début de l'année

Les forces de sécurité votent en avance afin de pouvoir sécuriser le scrutin du 30 avril, après une campagne marquée par des attaques contre des meetings et des bureaux de votes.

Un attentat suicide a visé un bureau de vote de Bagdad, lundi 28 avril, tuant au moins quatre personnes. La veille, cinq bureaux de vote ont été attaqués dans la ville de Kirkouk (nord). Le 25 avril, c’est un attentat contre un meeting organisé par un parti chiite qui avait fait plus de 30 morts. Craignant ces attaques, les autorités ont décrété 5 jours fériés --de dimanche à jeudi-- pour tenter de sécuriser l'élection, pour laquelle un peu plus de 20 millions d'électeurs sont inscrits.

Depuis le début de l’année, près de 3 000 personnes ont été tuées dans des attentats. Ces violences sont notamment alimentées par la guerre en Syrie voisine qui oppose depuis trois ans les rebelles aux forces du régime de Bachar al-Assad. Des Irakiens aussi bien chiites que sunnites sont partis y combattre et le conflit a débordé les frontières.

Le Premier ministre sortant favori

Le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki, candidat à un troisième mandat, est donné favori en dépit des multiples critiques dont il fait l'objet et de la colère des Irakiens lassés du chômage endémique, de la corruption, du manque criant de services publics, sans parler de la recrudescence des violences meurtrières.

La spirale de violences a placé la situation sécuritaire au centre des débats, Nouri al-Maliki et son parti, l'Alliance pour l'État de droit, faisant campagne sur la nécessité de s'unir derrière le gouvernement pour mettre fin au bain de sang.

Quel qu'il soit, les défis du futur gouvernement seront nombreux, souligne Ayham Kamel, directeur pour le Moyen-Orient et l'Afrique du nord à l'Eurasia Group consultancy : "A commencer par la question de la sécurité, puis celle du pétrole, et enfin les relations entre sunnites, chiites et Kurdes. Et du coup, les questions économiques vont se retrouver en bas de la liste".

Seul élément positif dans la situation du pays, la production de pétrole a augmenté. Mais même cette bonne nouvelle alimente la colère des électeurs qui déplorent que l'augmentation des exportations n'a eu aucun impact ou presque sur le marché du travail, et que les revenus du pétrole sont détournés par une corruption massive.

Avec AFP et AP