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Cette saison, les guides népalais ne graviront pas l'Everest

Les guides népalais n'effectueront aucune ascension de l'Everest cette saison pour rendre hommage à leurs 16 collègues morts dans une avalanche, le 18 avril. Ils réclament un meilleur soutien financier pour les familles des victimes.

Les guides népalais ne graviront pas l'Everest de sitôt. En hommage à leurs seize collègues tués quatre jours plus tôt dans une avalanche, les guides de haut montagne ont annoncé, mardi 22 avril, qu’ils ne feraient aucune ascension cette saison, mettant fin aux projets de centaines d'alpinistes étrangers.

"Nous avons eu une longue réunion cet après-midi et avons décidé de ne plus grimper cette année, en hommage à nos frères. La décision des sherpas est unanime", a déclaré l'un d'eux, Tulsi Gurung, à l'AFP depuis le camp de base. "Seize personnes sont mortes sur cette montagne le premier jour de notre ascension. Comment pouvons-nous désormais la gravir?", a renchéri un autre, Pasang Sherpa.

Treize sherpas ont en effet été tués dans une avalanche, vendredi 18 avril, et les corps de trois autres sont toujours ensevelis sous la neige. Cet accident est le plus meurtrier jamais enregistré sur les pentes du plus haut sommet du monde.

La fronde des Sherpas contre le gouvernement

Dès le 21 avril, les guides avaient menacé de mettre fin à la saison si le gouvernement ne répondait pas dans les sept jours à leurs revendications, en particulier un meilleur soutien financier pour les familles des victimes et une meilleure couverture par les assurances.

"Ils ont décidé que l'indemnisation n'était pas le seul sujet, ils ont estimé qu'ils devaient fermer l'Everest cette année en souvenir de ceux qui sont morts," a dit à l'AFP Ed Marzec, un alpiniste américain, depuis le camp de base.

Le gouvernement a accordé un permis d'ascension à 734 personnes cette saison, dont 400 guides, pour 32 expéditions prévues sur les pentes de l'Everest.

Les sherpas, du nom d'un groupe ethnique connu pour son aptitude aux métiers de la montagne, gagnent entre 3 000 et 6 000 dollars par saison mais sont mal couverts par leur assurance. Ils apportent une aide cruciale à toute ascension du plus haut sommet du monde, en transportant tentes et approvisionnement mais aussi en réparant les échelles et en fixant des cordes pour aider leurs clients à atteindre le sommet de 8 848 mètres.

Tensions au camp de base

Marzec, avocat américain de 67 ans qui envisageait de devenir l'Américain le plus âgé à atteindre le plus haut sommet du monde, avait expliqué dans la matinée que l'atmosphère s'était détériorée sur le camp de base, certains alpinistes tentant de convaincre les sherpas de reprendre le travail.

"Les esprits s'échauffent chez les guides sherpas qui donnent libre cours à leurs émotions", raconte Rippel qui organise des expéditions avec son agence Peak Freaks. "Les choses deviennent très compliquées ici, la tension, déjà élevée, monte encore".

Plus de 300 personnes, essentiellement des sherpas, sont morts sur les pentes du plus haut sommet du monde depuis la première ascension en 1953 par Edmund Hillary et Tenzing Norgay.

Avec AFP