Olexandre Tourtchinov a ordonné mardi la reprise de l'opération "antiterroriste" dans l'est de l'Ukraine. Cette décision intervient après la découverte de deux corps de pro-Occidentaux portant des signes de "torture".
La reprise de l’opération "antiterroriste" dans l’est de l’Ukraine exigée, mardi 22 avril, par le président ukrainien par interim Olexandre Tourtchinov finit d’enterrer l’accord pacifique conclu jeudi 17 avril à Genève.
"J'exige des forces de sécurité la reprise [...] des opérations antiterroristes, destinées à défendre des terroristes les citoyens ukrainiens, qui vivent dans l'est de l'Ukraine", a-t-il affirmé dans un communiqué.
Olexandre Tourtchninov explique avoir pris cette décision après la découverte de corps de deux hommes "sauvagement torturés" dont l'un serait celui de Volodymyr Rybak, un élu local du parti pro-occidental Batkivchtchina de Ioulia Timochenko, auquel il appartient également.
La police locale a, en effet, indiqué dans la journée avoir découvert le corps d'un homme "qui ressemble à Rybak", enlevé le 17 avril, qui est resté immergé pendant plusieurs jours. Son identité est difficile à déterminer. Selon le chef de la branche locale du parti Batkivchtchina Denis Tokar, interrogé par l'AFP, l'épouse du conseiller municipal a identifié le corps.
"Les terroristes qui ont pris en otage toute la région de Donetsk ont franchi la ligne rouge en torturant des patriotes de l'Ukraine", a lancé le président par intérim. "Ces crimes sont commis avec le soutien total de la Russie".
Washington soutient l’unité de l'Ukraine
Plus tôt dans la journée, le vice-président américain Joe Biden, en visite à Kiev, a apporté aux autorités pro-occidentales ukrainiennes le soutien des États-Unis face aux "menaces humiliantes" contre l'unité de l'Ukraine. Pour Washington, il ne fait pas de doute que la poussée séparatiste dans l'Est est encouragée par la Russie.
Joe Biden, qui s'exprimait face à des parlementaires dont plusieurs candidats à la présidentielle ukrainienne du 25 mai, a estimé que le scrutin "pourrait être l'élection la plus importante dans l'histoire de l'Ukraine".
"Vous êtes confrontés à des problèmes très difficiles, et on pourrait même dire des menaces humiliantes. Mais l'occasion de créer une Ukraine unie est à portée de main", a-t-il dit. "Je veux qu'il soit clair que nous ne prétendons pas avoir toutes les réponses pour vous. Mais nous voulons nous tenir à vos côtés".
Très impliqué depuis le début de la crise politique que traverse l'ex-république soviétique, le vice-président américain avait auparavant rencontré à huis clos le président par intérim Olexandre Tourtchinov ainsi que le Premier ministre Arseni Iatseniouk.
Il a aussi assuré Kiev que Washington était prêt à aider l'économie ukrainienne en profonde récession, avec un effondrement de la production et de la monnaie.
Les insurgés campent sur leurs positions
Sur le terrain, chacun tient ses positions. À Kramatorsk, la mairie reste sous la garde de militants pro-russes retranchés derrière d'imposantes barricades érigées pour en bloquer l'accès.
À Sloviansk, un hommage public a été rendu dans l'église du Saint-Esprit en hommage aux trois hommes tués "à l'arme automatique", dans la nuit de samedi à dimanche, par des inconnus dénoncés comme "des fascistes" ukrainiens. Un incident mis en avant par les chefs séparatistes qui cherchent coûte que coûte à mobiliser la population face à l'éventualité d'une attaque plus massive.
Avec AFP et Reuters