
Le capitaine du ferry qui a sombré au large de la Corée du Sud a été arrêté samedi. Les plongeurs, enfin entrés dans le bâtiment, ont remonté trois corps, samedi. Environ 260 personnes sont toujours portées disparues.
Les familles des victimes du ferry, qui a chaviré il y a trois jours au large de la Corée du Sud, n'ont quasiment plus d'espoir et les secours ont peu de chance de retrouver des survivants. Le dernier bilan, qui date de la nuit du samedi 19 avril, fait état de 36 décès et 266 personnes toujours portées disparues, tandis que 174 ont survécu, récupérées immédiatement après le naufrage. Les plongeurs ont réussi samedi soir à extraire les premiers corps du ferry.
"Les plongeurs ont brisé le hublot d'une cabine de passagers juste avant minuit (heure locale) et en ont extrait trois corps", a déclaré à l'AFP un responsable des garde-côtes. Les trois corps portaient des gilets de sauvetage, a-t-il déclaré, précisant que deux de ces victimes étaient des hommes, mais que le sexe de la troisième n'avait pas pu encore être confirmé. Les équipes de plongeurs ont prévu de pousuivre leurs recherches dans le ferry pendant toute la nuit. Beaucoup des 500 plongeurs qui travaillent sur le site de la catastrophe sont des volontaires civils.
Parallèlement à ces secours, l'enquête suit son cours. Le capitaine du navire et deux membres d'équipage ont été arrêtés samedi à l'aube et doivent répondre des accusations de négligence et de carence dans la sécurité des passagers, en violation du code maritime. L'homme de 69 ans a tenté d'expliquer les motifs de sa décision, fatale, d'avoir retardé l'évacuation du bateau après un choc.
Les 476 personnes à bord ont en effet reçu l'ordre de ne pas bouger de leur siège, pendant plus de 40 minutes, selon les témoignages des rescapés. Lorsque le ferry a commencé à piquer du nez vers le fond de la mer, il était trop tard, les passagers ne parvenant pas à ramper le long des couloirs penchés, alors que l'eau s'engouffrait.
"Les courants étaient violents et l'eau très froide"
"À ce moment-là, les bateaux de secours n'étaient pas arrivés. Il n'y avait pas non plus de bateaux de pêche, ou d'autres embarcations pour aider", a déclaré le capitaine, la tête baissée, recouverte d'une capuche. "Les courants étaient violents et l'eau était très froide dans cette zone", a-t-il ajouté. "J'ai pensé que les passagers seraient emportés et se trouveraient en difficulté s'ils évacuaient dans le désordre".
La plupart des passagers étaient des lycéens d’une école de la banlieue de Séoul qui se rendaient en voyage scolaire sur l’île de Jeju, à une centaine de kilomètres au sud de la péninsule coréenne. Vendredi, le corps de Kang Min-gyu, proviseur adjoint du lycée et rescapé du naufrage, a été retrouvé pendu à proximité du gymnase où se trouvent les familles des victimes. "Survivre seul est trop difficile... J'endosse toute la responsabilité", indique une lettre retrouvée dans son portefeuille, selon les médias locaux.
La colère est montée ces deux derniers jours parmi les familles des victimes, qui accusent les autorités et les secours d'incompétence et d'indifférence. "Nous n'avons vraiment plus beaucoup de temps. Beaucoup pensent que c'est le dernier jour possible pour retrouver vivants des passagers".
L'accident reste inexpliqué. Des données collectées par le ministère de la Marine montrent que le ferry a effectué un brusque demi-tour avant d'envoyer un signal de détresse. Le choc pourrait avoir déséquilibré la cargaison de 150 voitures et fait pencher le bateau.
La Corée du Sud, pays moderne et développé, est assommée par cette tragédie et s'interroge sur sa capacité à assurer la sécurité de ses enfants.
Avec AFP