Les Occidentaux, Kiev et Moscou ont conclu un accord, jeudi, à Genève prévoyant notamment le désarmement des groupes illégaux dans l'est de l'Ukraine. Un geste qui semble surprenant de la part de la Russie. Analyse.
Réunis jeudi 17 avril à Genève, les Occidentaux, Kiev et Moscou sont finalement parvenus à un accord en vue d’une désescalade rapide des tensions en Ukraine au bord de l'éclatement. Ce compromis, prévoyant notamment le désarmement des groupes armés illégaux et l'évacuation des bâtiments occupés, paraissait hors d'atteinte pour les diplomates avant la réunion, tant le camp russe semblait campé sur ses positions.
Suite à cet accord quasi inespéré, Barack Obama reste sceptique et attend l’application des mesures prévues."Je ne pense pas qu'on puisse être sûr de quoi que ce soit à ce stade. La possibilité existe que la diplomatie puisse conduire à une désescalade de la situation", a-t-il déclaré depuis la Maison Blanche. Mais, a-t-il souligné, "il faudra encore plusieurs jours pour voir si les déclarations se concrétisent".
L’accord sera "certes difficile à appliquer", observe Gauthier Rybinski, chroniqueur international à FRANCE 24. " Les groupes illégaux qui doivent être désarmés sont des habitants de l’est de l’Ukraine, qui ont pris les armes et qui se sont joints à des éléments de l’armée russe dont on sait qu’ils sont infiltrés dans l’est de l’Ukraine, pour sécuriser des bâtiments publics, en prendre d’assaut. Il faudra donc convaincre ces gens de déposer leurs armes et de libérer les bâtiments", explique-t-il.
C'est le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, qui a le premier annoncé l'accord lors d'une conférence de presse. Moscou avait pourtant multiplié ces derniers jours les déclarations de fermeté, le président Vladimir Poutine lançant une nouvelle fois, jeudi 17 avril, la menace voilée d'un recours à la force en Ukraine.
Le camp russe semble ainsi lâcher du lest, mais cela reste dans son intérêt selon Gauthier Rybinski. "Cet état de fait, de crise, de bouillonnement, d’exaltation permanent nuit profondément aux affaires commerciales russes. La machine nationaliste, idéologique s’est emballée trop vite", explique-t-il. " Et ce que les Russes souhaitent, c’est pouvoir contrôler les choses pendant cette étape intermédiaire qui peut durer longtemps. Or, s’il n’y avait plus de groupes paramilitaires en Ukraine, les forces spéciales russes resteraient elles sur place et assureraient une accalmie favorable au business russe", poursuit-il. "La conduite russe peut donc sembler surprenante de prime abord, elle mais qui signifie en réalité que Moscou ne souhaite pas se faire déborder par le mouvement qu’elle a elle-même suscité".