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Un conseiller de François Hollande épinglé pour ses conflits d'intérêts

Dans une enquête publiée jeudi, le site Mediapart accuse Aquilino Morelle de conflit d'intérêts. Dans ce portrait au vitriol, ce proche conseiller de François Hollande est qualifié de "petit marquis" à l’Élysée.

L’image de président normal chère à François Hollande sera-t-elle de nouveau écornée ? Cette fois, c’est l’un de ses proches conseillers qui est au cœur de la tourmente. Aquilino Morelle fait l’objet d’une vaste enquête, publiée par le site Médiapart jeudi 17 avril. On lui reproche principalement un conflit d’intérêts. Mais c’est également un portrait au vitriol pour cet homme de l’ombre, venu de la gauche du Parti socialiste, que le site Internet dresse.

Depuis son rapport sur le Mediator en 2011, Aquilino Morelle apparaissait comme l’adversaire des laboratoires pharmaceutiques qui militait pour la transparence. "Il faut que chacun soit au clair avec lui-même et avec les autres. Il n’y a pas d’interdiction d’avoir un rapport avec l’industrie pharmaceutique pour un médecin. Ça peut se comprendre. Ce qui est obligatoire, c’est de rendre public cela", avait-il affirmé sur France Info. Or, c’est précisément ce qui lui est aujourd’hui reproché. Selon l’article, fruit d’une enquête de six mois, Aquilino Morelle, médecin de formation et énarque, est ainsi soupçonné d’avoir travaillé pour des laboratoires pharmaceutiques notamment en 2007, alors qu’il travaillait à l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS). Il était donc censé contrôler les dits laboratoires.

L’accusé n’a pas tardé à se défendre dans un long droit de réponse, également publié sur sa page Facebook. "À aucun moment, je n'ai été en situation de conflit d'intérêts", déclare Aquilino Morelle, également chef du Pôle communication de l'Élysée. "En tant que fonctionnaire, un certain nombre d'activités annexes sont autorisées par la loi, dont l'enseignement et le conseil", a-t-il encore fait valoir. La loi prévoit que le chef de service octroie ladite autorisation.

Cité par Mediapart, André Nutte, alors directeur de l’institution et aujourd’hui en retraite, ne se souvient pas avoir autorisé Aquilino Morelle à avoir ce type d’activité. "J’ai franchement une bonne mémoire, explique-t-il. Mais je ne me souviens pas avoir signé une telle autorisation. Si l’IGAS a une pièce, qu’ils la sortent. On verra bien qui a signé. Car ça n’a pas de sens. C’est comme si on accordait le droit à un directeur d’hôpital entré à l’IGAS d’aller travailler parallèlement dans une clinique privée. Ou à un inspecteur du travail de conseiller une entreprise." Selon l’auteur de l’article, l’IGAS n’a finalement retrouvé aucune autorisation.

"Le petit marquis"

Mais au-delà de ces accusations de conflit d’intérêts, l’article s’attarde également sur le train de vie du bras droit de François Hollande, "le petit marquis" de l’Élysée. "À l’Élysée, ce sont les manières qui choquent. La façon dont il s’adresse au petit personnel, l’utilise, le terrorise", relate Michaël Hajdenberg, auteur de l’enquête de Mediapart. Il utiliserait ses chauffeurs de fonctions pour ses besoins privés et ceux de sa famille, et demanderait au su de tous à ses secrétaires de s’occuper de ses affaires personnelles.

Une autre révélation aura notamment fait couler beaucoup d’encre : Aquilino Morelle aurait une trentaine de chaussures de luxe, faites sur mesure. Il ferait appel à un cireur de soulier qui se déplace jusque l’Élysée pour les faire briller. À deux reprises, explique l’homme, confirmant des informations tenues de bonne source à l’Élysée, Aquilino Morelle a même fait privatiser un salon de l’hôtel Marigny, afin de se faire cirer les chaussures seul au milieu de cette pièce toute en dorures.