Après l’envoi d’unités ukrainiennes dans l’Est pour lutter contre les insurgés pro-russes, Vladimir Poutine a estimé que le pays était au "bord de la guerre civile". Les tensions sont à leur comble à la veille de la réunion internationale de Genève.
"L’Ukraine est au bord de la guerre civile. L’affirmation vient de Vladimir Poutine lui-même, après l’envoi de l’armée ukrainienne dans l'est du pays pour lutter contre les séparatiste pro-russes dans le cadre de "l'opération antiterroriste de grande envergure" lancée par Kiev il y a trois jours .
"Le président a souligné que l'escalade brutale du conflit avait mis le pays au bord de la guerre civile", a déclaré, mardi 15 avril, le Kremlin à l'issue d'un entretien téléphonique entre Vladimir Poutine et la chancelière allemande Angela Merkel. L'intervention de l'armée ukrainienne représente "un recours inconstitutionnel à la force contre des manifestations pacifiques", a également estimé Moscou.
Au troisième jour de "l'opération antiterroriste", des forces ont été massées près d'Izioum, à 40 km au nord de Sloviansk, contrôlée depuis samedi par des hommes puissamment armés, mais ne portant pas d'insignes sur leurs uniformes. Des renforts ont été héliportés à 15 km au sud de la cette localité, pour la prendre en étau.
Atmosphère tendue avant la réunion quadripartite de Genève
L'atmosphère s'annonce des plus tendues à la veille de la réunion quadripartite, prévue jeudi à Genève, entre l'Ukraine, la Russie, les États-Unis et l'Union européenne, pour dénouer la crise. Vladimir Poutine et Angela Merkel "ont exprimé l'espoir que la rencontre de Genève puisse donner un signal clair pour faire revenir la situation dans un cadre pacifique", selon le Kremlin. "
En cas d'échec de cette réunion, les États-Unis ont indiqué être prêts à imposer de nouvelles sanctions contre Moscou. Selon le département d'Etat, cela pourrait signifier l'interdiction d'accès à certains secteurs économiques clés comme les mines, l'énergie et les services financiers. Il a toutefois indiqué que la rencontre à Genève serait "l'occasion pour chacun de s'asseoir autour d'une table et d'avoir une discussion".
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avait de son côté prévenu mardi matin que tout ordre "criminel" de Kiev d'"envoyer les chars" ferait capoter les pourparlers de Genève . Le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov a quant à lui fustigé mardi les "projets brutaux" de la Russie qui "veut que s'embrasent tout l'est et le sud de l'Ukraine, de la région de Kharkiv à celle d'Odessa".
La ville de Kramatorsk sous tension
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Sur le terrain, l'armée ukrainienne a lancé une "opération spéciale" pour reprendre le contrôle de l’aérodrome de Kramatorsk dans l’est du pays. Le président ukrainien par intérim, Olexander Tourtchinov, a annoncé, mardi, la reprise de l’aérodrome dans le cadre d’une opération "par étapes", visant à chasser les insurgés pro-russes des nombreux bâtiments publics qu’ils occupent depuis plusieurs jours. Mercredi matin, la situation restait tendue entre les forces loyalistes et la population locale.
"Des tanks ukrainiens tentent de rentrer dans le centre de Kramatorsk", précise Gulliver Cragg, correspondant de FRANCE 24 en Ukraine, "mais, selon un confrère sur place, la population tentait d'empêcher l'avancée de ces véhicules armés".
La Russie, qui a massé jusqu’à 40 000 soldats le long de sa frontière avec l’Ukraine selon l’OTAN, menace d’intervenir dans le conflit si les populations russophones venaient à être menacées.
Avec AFP et Reuters