logo

Violences sexuelles dans l'armée : Le Drian prône la "tolérance zéro"

Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a annoncé, mardi à Paris, un plan d'action pour prévenir les risques de harcèlement et lutter contre les agressions sexuelles visant les femmes au sein de l'armée française.

Jean-Yves Le Drian a dévoilé, mardi 15 avril, un plan d’action pour lutter contre les violences sexuelles et accompagner les femmes victimes d’agressions et de harcèlements sexuels au sein de l’armée la plus féminisée d'Europe. "L'objectif pour les armées françaises, c'est la tolérance zéro. Elles doivent être exemplaires", a déclaré le ministre de la Défense.
Ce dernier s'exprimait devant un parterre de quelque 200 hauts responsables civils et militaires réunis à l'École militaire, à Paris, à l'occasion de la remise du rapport sur la prévention des risques de harcèlement sexuel et moral dans les armées. Et ce, après des cas dénoncés dans un livre-enquête "La Guerre invisible" des journalistes Leila Minano et Julia Pascual, paru fin février, qui  dépeint une armée française où les dérives sont légion. "Les agissements dont nous parlons ici, quel que soit leur nombre, sont absolument intolérables", a-t-il souligné.
Les mesures annoncées par le ministre visent en premier lieu à "aider les victimes dans leurs démarches" et à "aider le commandement dans son action". Une cellule baptisée Thémis "va être mise en place immédiatement, afin d'être à l'écoute, d'encourager, mais aussi d'initier les actions à entreprendre à la fois par les victimes, mais aussi par le commandement", a expliqué Jean-Yves Le Drian.
"Loi du silence"
La prévention sera également renforcée "pour mieux gérer le cadre de la mixité" dans les armées. Le ministre a également prôné "une plus grande transparence, avec une remontée des faits et une analyse statistique annuelle, publique".
Il a également indiqué que la chaîne des sanctions à l'encontre des auteurs de violences et de harcèlement, qui peuvent aller de l'inscription au dossier à la radiation, sera "clarifiée".
Interrogé sur une forme de "loi du silence", dénoncée par les auteurs de l'ouvrage, Jean-Yves Le Drian a estimé "qu'il n'y avait pas d'omerta" dans les armées. "Les commandements, lorsqu'ils étaient saisis de tels faits, accompagnaient la démarche en justice des victimes. Mais il y avait des insuffisances dans la manière d'agir, l'articulation entre sanctions disciplinaires et chaîne pénale, et dans l'information des droits des victimes", a-t-il concédé.
Enfin, le plan d'égalité homme-femme au sein de l'armée se poursuivra par ailleurs, afin de lever "les freins" qui pèsent sur le développement des carrières féminines, a souligné le ministre. En 2017, trois femmes officiers embarqueront ainsi pour la
première fois à bord d'un sous-marin nucléaire.
Pour rappel, la France n'est pas la seule grande puissance concernée par ce phénomène. Aux États-Unis, 5 400 cas d'agressions sexuelles ont été recensés au sein de l'armée américaine en 2013 contre 3 374 en 2012, selon les statistiques provisoires publiées par le Pentagone en février.
Avec Reuters et AFP