
Le saccage de la sous-préfecture de Compiègne commis par des employés de l'usine Continental de Clairoix donneront lieu à des poursuites judiciaires, a garanti le Premier ministre, qui a toutefois annoncé la mise en place d'une médiation.
Reuters - Les salariés de Continental qui ont commis des violences seront poursuivis, a dit François Fillon mercredi, au lendemain du saccage de la sous-préfecture de Compiègne (Oise) par des grévistes en colère.
Le Premier ministre a par ailleurs confirmé la proposition d'une médiation tripartite personnel-direction-gouvernement sous la houlette du secrétaire d'Etat à l'Industrie, Luc Chatel, pour réfléchir à l'avenir du fabriquant de pneumatiques, dont le site de Clairoix (Oise) est promis à la fermeture.
Réunis mercredi en comité central d'entreprise à Nice, les représentants syndicaux de "Conti" ont demandé des récisions
sur cette médiation, provoquant une interruption de la réunion.
"Il y a une très petite minorité à Continental qui rend les choses très difficiles", a déclaré François Fillon, qui était l'invité de la matinale de la radio France Inter.
"Même les organisations syndicales ont du mal à jouer leur rôle plein de médiateurs dans cette crise en raison de cette
minorité très agissante, très violente, pour laquelle, je le dis clairement, s'agissant des violences qui ont été commises hier, il y aura des poursuites", a dit le Premier ministre.
"On tend la main à une majorité des salariés mais jamais un chef de gouvernement ne pourra accepter que l'on casse les
locaux d'une sous-préfecture", a-t-il insisté.
La sous-préfecture de Compiègne a été mise à sac après la décision en référé du tribunal de Sarreguemines (Moselle) de débouter les salariés qui demandaient la suspension de la fermeture de l'usine de Clairoix.
A Nice, 11 représentants syndicaux et six représentants de la direction se sont retrouvés dans un hôtel proche de l'aéroport pour un comité central d'entreprise délocalisé.
Selon Antonio da Costa, secrétaire général du CE CFTC, la réunion a été suspendue par la direction après que les représentants du personnel ont demandé des précisions sur la médiation gouvernementale proposée mardi soir par Luc Chatel.
"Désespoir"
Le gouvernement "se met à la disposition des deux parties pour organiser une médiation sur un accord de méthode", a-t-il dit à Reuters, proposant que des représentants des deux parties soient reçus à Bercy par son directeur de cabinet adjoint.
"L'Etat sera présent pour faciliter, canaliser, catalyser ce dialogue indispensable", a déclaré mercredi à la presse la ministre de l'Economie, Christine Lagarde.
S'agissant des violences, Antonio da Costa a expliqué qu'elle traduisait "le désespoir" des salariés.
"Moi je suis contre la violence, mais le désespoir vous savez ce que c'est", a-t-il dit à Reuters. "Hier c'était la colère suite à ce jugement de Sarreguemines, nous avons été très déçus. La seule chose que je condamne aujourd'hui c'est la fermeture de l'usine de Clairoix".
Des salariés de Clairoix ont prévu de se rendre jeudi à Hanovre pour joindre leur voix à celle de leurs collègues allemands au moment où se déroulera une assemblée générale des actionnaires du groupe Continental.
Les saccages, séquestrations de patrons et autres actes de violence qui se multiplient en France à l'annonce de fermetures d'usine et de suppressions d'emplois, sont condamnés par la quasi-totalité de la classe politique, qui dit aussi comprendre la colère exprimée.
"On ne peut pas réjouir de ça mais on peut comprendre, oui", a déclaré sur France 2 le député PS du Doubs Pierre Moscovici.
Pour la secrétaire nationale du Parti communiste français (PCF) Marie-George Buffet, "cette colère est normale".
"On condamne la violence mais ce n'est pas de la violence de se battre pour obtenir des négociations", a-t-elle dit sur Canal +.