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Un chef de l'opposition demande l'asile politique au Pérou

Poursuivi pour corruption, Manuel Rosales s'est réfugié au Pérou afin d'y demander l'asile politique. Ce chef de l'opposition vénézuélienne dit subir les persécutions orchestrées par Hugo Chavez, dont il était le rival à la présidentielle.

AFP - Un chef de l'opposition vénézuélienne, Manuel Rosales, poursuivi pour corruption, s'est réfugié au Pérou, où il a déposé mardi une demande d'asile politique en se disant victime d'une persécution orchestrée par le président Hugo Chavez.

"La demande d'asile a été présentée (...) au ministère des Affaires étrangères" du Pérou, a déclaré à Lima son avocat Javier Valle Riestra, précisant que le gouvernement disposait d'un "délai de deux mois" pour répondre.

Maire de Maracaïbo, capitale du riche Etat pétrolier de Zulia (ouest), cet ancien rival de M. Chavez à la dernière présidentielle était entré dans la clandestinité il y a un mois, après l'ouverture de poursuites à son encontre.

Son avocat, expert en matière de demande d'asile, s'est dit confiant dans le succès de la démarche, soulignant que M. Rosales n'était pas "n'importe qui" et qu'il avait été menacé publiquement. "Le président Chavez a dit +je vais l'écraser+, il l'a dit dans des arènes et des stades", a-t-il justifié.

Sa présence à Lima a été confirmée mardi par le chef de la diplomatie péruvienne José Antonio Garcia Belaunde, qui a rappelé que trois opposants vénézuéliens avaient déjà reçu l'asile politique au Pérou ces dernières années.

"Il se trouve effectivement (au Pérou) avec sa famille, au moins depuis la fin de semaine dernière", a indiqué M. Belaunde, excluant que cette affaire puisse perturber les relations avec le Venezuela.

M. Rosales, président du parti social-démocrate Un Nouveau Temps, est soupçonné par la justice vénézuélienne d'enrichissement illicite à l'époque où il était gouverneur de Zulia entre 2002 et 2004.

A Caracas, le ministre vénézuélien de l'Intérieur Tarek El Aissami a réagi à l'annonce de son départ au Pérou, en le menaçant d'un "mandat d'arrêt international". "S'il ne se présente pas devant les tribunaux compétents, il deviendrait un fugitif de la justice, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

M. Rosales devait se rendre lundi devant un tribunal vénézuélien qui devait se prononcer sur sa mise en liberté. Selon ses défenseurs, une nouvelle audience est prévue le 11 mai.

M. El Aissami a rejeté l'hypothèse d'une persécution politique contre l'opposant. "Il est poursuivi par la justice vénézuélienne pour des délits de corruption, ce ne sont pas des faits de nature politique", a-t-il souligné.

Fin octobre, en pleine campagne pour les élections régionales et municipales, le président Chavez, chef de file de la gauche radicale en Amérique latine, l'avait accusé de fomenter son assassinat en liaison avec les milieux conservateurs, menaçant de le faire arrêter.

Une autre enquête, pour tentative d'homicide cette fois, a depuis été ouverte à l'encontre de l'opposant, accusé d'avoir organisé l'agression d'anciens employés municipaux lors d'un mouvement social.

Omar Barboza, secrétaire général du parti de M. Rosales, avait annoncé lundi que ce dernier avait décidé de demander l'asile auprès d'"un pays ami", estimant que les tribunaux vénézuéliens s'étaient convertis en "instruments de persécution politique". "C'est un cas très clair de persécution politique", avait affirmé M. Barboza.

Un autre leader de l'opposition, l'ex-ministre de la Défense Raul Baduel, entré en dissidence, a été placé en détention début avril dans le cadre d'une enquête pour corruption.

Soupçonné de détournements de fonds dans l'exercice de ses fonctions au ministère de la Défense entre 2002 et 2007, cet ancien proche de M. Chavez a accusé le président de recourir "à la justice et aux différents pouvoirs publics comme à des mercenaires".